Nouveau "Notre Père"

je ne reçois pas de mail pour message nouveau dans un fil où j'ai écrit. Cela dit, il y a plus grave dans la vie...

Magnus a écrit:Ainsi nous en allons-nous vers le néant, quand autrefois il y avait au bout du chemin le paradis retrouvé.

Sauf pour ceux qui, faute d'avoir accepté telle ou telle injonction, se voyaient promus à l'enfer...

Gérard a écrit:Etre tenté par le Bien n'a pas de sens.. à moins d'être un Sataniste qui a fait vœux de méchanceté.

Où d'être quelqu'un pour qui le Bien n'a pas la même connotation que l'Eglise...
Exemple : "Allons de l'avant pour le bien de l'Eglise et du monde " avait twitté (si mes souvenirs sont bons) Ben16 ; et s'il n'y avait rien de commun entre le bien de l'Eglise et celui du monde on se retrouverait tenté par un mauvais bien  

Bulle a écrit:

Magnus a écrit:Ainsi nous en allons-nous vers le néant, quand autrefois il y avait au bout du chemin le paradis retrouvé.

Sauf pour ceux qui, faute d'avoir accepté telle ou telle injonction, se voyaient promus à l'enfer...

Oui, bien entendu, mais ce n'était de ma part qu'une parole de nostalgie.
Enfant puis jeune adolescent, au collège des Bons Pères, j'ai eu cette chance de n'entendre pratiquement parler que du Paradis. L'Enfer prenait très peu de place dans l'enseignement. En somme, on nous y enseignait qu'il valait mieux vouloir aller au Paradis par goût du Paradis que par crainte de l'Enfer.
La miséricorde et le pardon primaient.
Nous nous inventions bien quelques petits péchés lors des confessions obligatoires, mais le curé n'était pas dupe et sans doute souriait derrière la grille.
Il n'y avait pas de place au doute, non parce qu'il était interdit de douter, mais parce que les certitudes enseignées suffisaient à nous combler.
Les saints et les saintes étaient des êtres merveilleux sur lesquels nous pouvions compter ; Marie était une amie ; Jésus un copain ; et le Père un papa.

 Jésus est un copain.


*    *    *    *    *    *    *    *    *    *    *    *    *    *    *

Magnus, tu étais vraiment chez des Bons Pères bien braves,  quoi que, te connaissant bien maintenant, tu te serais senti encore mieux chez de  jeunes Bonnes Mères...Les frères maristes qui m'ont dressé cherchaient plus à nous terroriser; c'était l'enfer plutôt que le paradis; c'était le dolorisme et la culture de la culpabilité...Pour un peu, il aurait fallu mettre des gants pour uriner...

gaston21 a écrit:Magnus, tu étais vraiment chez des Bons Pères bien braves,  quoi que, te connaissant bien maintenant, tu te serais senti encore mieux chez de  jeunes Bonnes Mères...Les frères maristes qui m'ont dressé cherchaient plus à nous terroriser; c'était l'enfer plutôt que le paradis; c'était le dolorisme et la culture de la culpabilité...Pour un peu, il aurait fallu mettre des gants pour uriner...

Il faut dire que ce n'était pas à la même époque, aussi. Malgré cela, je pense être bien tombé, je suis sûr qu'il y avait alors des collèges nettement moins "progressistes" dirons nous.
Une petite anecdote sur le péché de la chair, cependant, une petite ombre au tableau. En face de l'église où nous recevions les cours de catéchisme (ils ne se donnaient pas au collège mais dans le presbytère de l'église) en face de cette église il y avait une petite librairie qui présentait en vitrine un des premiers magazines "sexy" de l'époque. Sur la couverture : une femme en maillot de bain, en maillot de bain une-pièce je précise. Nous étions bien sûr tous en train de lécher la vitrine, quand le curé est apparu et nous a ordonné de ne plus jamais regarder cette vitrine : cette librairie était pour lui l'antre du diable !
Le fils du libraire (qui était un de nos condisciples) nous faisait aller en nous disant que lui, au moins, il pouvait non seulement regarder la couverture mais aussi feuilleter la revue tant qu'il voulait ! Qu'est-ce que nous avons pu l'envier !
Nous n'avons quand même pas été condamnés à réciter des pater et des avés pour avoir eu l'œil trop avide. Et heureusement d'ailleurs : chaque pater et chaque avé récités par la suite nous auraient remis cette photo en mémoire... .

Magnus a écrit:Nous nous inventions bien quelques petits péchés lors des confessions obligatoires, mais le curé n'était pas dupe et sans doute souriait derrière la grille.

C'est sûr qu'aujourd'hui tu aurais pu expliquer au père confesseur pourquoi toi tu savais bien résister à la tentation : tout est dans mon hippocampe mon père !

Pourquoi certains cèdent-ils plus facilement que d’autres à la tentation ? Pour des chercheurs de l’Inserm dirigés par Mathias Pessiglione (unité Inserm 975 « Centre de recherche en neurosciences de la Pitié-Salpêtrière »), l’activité de l’hippocampe sous-tendrait le degré de résistance aux plaisirs immédiats. Cette structure du cerveau profond serait l’une des clefs du mystère, au même titre que la région dorso-latérale du cortex préfrontal récemment identifiée.

Source

Et tu aurais pu, peut-être participer à la création d'un Notre Père dernier cri :
- Mais ne nous laissez pas succomber à la tentation Mais augmentez les possibilités de nos  hippocampes ,
- Et délivrez nous du mal - Ainsi soit-il  Et nous serons délivrés du mal, vous aurez fait votre boulot. Amen !

Bulle a écrit:Et tu aurais pu, peut-être participer à la création d'un Notre Père dernier cri :
- Mais ne nous laissez pas succomber à la tentation Mais augmentez les possibilités de nos  hippocampes ,

 Mais Dieu a déjà exaucé cette prière :


L'hippocampe est la seule espèce où c'est le mâle qui porte les œufs...

 Si ça, c'est pas "augmenter les possibilités"...

 

Les églises semblent préocupées par la tentation, mais certaines communautés orthodoxes s'en soucient moins, apparement, car, à la place de la phrase la mentionnant, elles utilisent une autre formule:

Notre Père [bla-bla-bla] au ciel
Donne-nous aujourd’hui notre pain substantiel
Et remets-nous nos dettes
Comme nous remettons à nos débiteurs,
Et ne nous soumets pas à l’épreuve,
Mais délivre-nous du Malin.
Ainsi soit-il.

Cette prière ressemble assez à la traduction que donne Chouraqui de la source évangélique :

Matyah 6:9-13

Notre père des ciels, ton nom se consacre,
ton royaume vient, ton vouloir se fait, comme aux ciels sur la terre aussi.
Donne-nous aujourd’hui notre part de pain.
Remets-nous nos dettes, puisque nous les remettons à nos débiteurs.
Ne nous fais pas pénétrer dans l’épreuve,
mais délivre-nous du criminel.

Il s'agit ici de la version longue, qui sert de base à tous les pécheurs.
Mais les évangiles propose un "Notre Père" plus court.

Personnellement, je le trouve très pratique en cas de pénitence, pour obtenir un petit pardon, vite fait, pendant un trajet d'ascenceur, par exemple.
Voici la traduction de Chouraqui :

Loucas 11:2-4

Père, ton nom se consacre; ton règne vient.
Donne-nous chaque jour notre part de pain !
Remets-nous nos fautes, puisque nous aussi nous les avons remises à tous nos débiteurs.
Et ne nous fais pas pénétrer dans l’épreuve !

Si l'on s'en reporte à l'original, le Notre Père ne parlerait donc pas de tentation, mais d'épreuve.
Et c'est bien Dieu qui est prié de ne pas nous y soumettre.

Personnellement, si je pensais qu'un Dieu de justice règne sur nos destinées, je ne songerais pas à lui réclamer des accomodements. Je m'en remettrais à sa sagesse.

Mais on peut aussi, comme certains, considérer la prière comme une méthode d'autosuggestion.
Demander à Dieu :  « ne nous fais pas pénétrer dans l’épreuve ».
c'est peut-être alors simplement s'exhorter soi-même à... ne pas trop aller au devant des emmerdes.

Si l'on croit à l'évolution, ou "possibilité de progrès offerte aux êtres vivants" (avec le risque de passer à côté, où d'aller vers une impasse) on peut penser que l'espèce humaine est peut-être plus armée que d'autres pour éviter les erreurs d'aiguillages, ou... la stagnation.
Mais je ne vois pas comment nous avancerions, et aurions avancé, sans quelques... difficultés à résoudre.

Cela dit... point trop n'en faut. A chaque jour suffit sa peine.

Une idée qui était peut-être celle de Jésus, lorsqu'il s'adressait ce jour-là à ces disciples.
Les plus fidèles d'entre eux, en effet, ont finit au supplice.
Et cela pour avoir, simplement, sans précautions, proclamé son enseignement.
C'était peut-être ce destin funeste qu'il voulait leur éviter.

« ... je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents... » 
(Mathieu 10:16)

et évitez d'aller trop au devant des emmerdes.