De l'importance du conditionnement dans la lecture...

Bonjour,

Quelques exemples, comme ça...

Supposons qu'un philosophe actuel prétende que la musique ne doit plus être admise que pour les besoins de l'Etat (musique militaire ou commémorative), qu'elle n'a plus à accompagner la joie ou la peine privées, qu'on interdira même les instruments prévus pour ces derniers usages, que pensera-t-on ? Que ce type est un affreux totalitaire, que même Hitler et Staline ne sont pas allés si loin...

Seulement si c'est préconisé par un certain Socrate et un certain Glaucon, et raconté par le frère du second, à savoir Platon (livre 3 de la République)... ben ça glisse tout seul.

Supposons que dans une secte mal famée on trouve la relation de l'événement suivant (raconté donc par la secte) : le gourou, devant les adeptes assemblés, a accusé l'un d'entre eux de n'avoir pas donné tous ses biens à la sectes comme il l'avait prétendu (le gourou précise qu'il n'y était pas obligé), l'homme ainsi accusé est tombé mort, le gourou a expliqué que c'était le châtiment de la divinité outragée. Le croira-t-on sur ce dernier point ?

En fait, oui pour beaucoup de gens, si c'est dans Actes des Apôtres, 5:1-11.

Supposons que, dans une secte contestée, le gourou ait promis a ses épouses de ne plus leur faire une certaine crasse, puis qu'il se soit autorisé d'un message de sa divinité pour renier sa promesse. Le croira-t-on sincère ?

Peut-être, si le message se trouve dans Coran, 66:1-3...

Des réflexions ?

à+

Un livre, quelqu'en soit la nature est une matière brute. Nous l'abordons avec notre vécu, avec notre intertextualité et notre sens critique, non?

Stirica a écrit:Un livre, quelqu'en soit la nature est une matière brute. Nous l'abordons avec notre vécu, avec notre intertextualité et notre sens critique, non?

Ce que je veux surtout illustrer ici, c'est l'écrasement de l'esprit critique le plus élémentaire par un conditionnement préalable.

à+

En dehors des parents dans la prime enfance , le livre et ce qui s'y attache est sans doute le moyen de conditionnement le plus efficace . Pensez à l'usage qu'en font les religions, le bourrage de crâne par des récitations incessantes du Coran dans les madrasas, des psalmodies des psaumes ou des versets , des "grognements" pieux dans les temples bouddhistes....
Toutes les religions sont basées sur des livres . Alors,merci pour le sens critique, surtout pour le gamin du catéchisme ou...

Pour alimenter la réflexion, j'ai aussi en tête le cas d'une personne qui a lu la Bible à l'âge adulte sans préparation (sa famille était agnostique), s'imaginant y trouver les racines presque aussi sublimes de l'Evangile. Elle ne s'est jamais remise du traumatisme. Il s'agit de Simone Weil (1909-1943, ne pas confondre avec Simone Veil), qui pour le coup est devenue pratiquement antisémite, et étant juive s'est détestée elle-même...

à+

Il ressort de ce qui précède que la lecture influence les adultes autant que les enfants . C'est logique : la lecture est de la nourriture pour l'esprit . C'est pourquoi l'éducation devrait prioritairement former le sens critique par la comparaison au lieu d'endoctriner . Heureusement, les penchants naturels permettent , au cours du temps et des rencontres, de le former . Mais l'esprit a, je pense, des pentes innées vers certains courants et ce qui les alimente devient sa réalité . Il n'est pas rare qu'adulte, on renie ses enthousiasmes de jeunesse et le révolutionnaire à vingt ans se retrouve conservateur à cinquante ... ou l'inverse . On devient ce qu'on est, je crois, à travers les conditionnements .