Ne pas dire ce que l'on pense : diplomatie ou lâcheté ?

Il est souvent délicat de dire ce que l'on pense, car tout dépend de la formulation et des circonstances.

En milieu professionnel, c'est encore plus ardu car il y a parfois des conséquences de ce qu'on peut dire.

Imaginez un collègue de boulot qui a des odeurs corporelles fortes, soit parce qu'il ne se lave pas, soit parce qu'il transpire ou ses vêtements ne sont pas propres. Pensez-vous que ce soit aisé de dire les choses franchement à ce collègue ?

Ou même en milieu scolaire : est-ce qu'un enseignant va dire franchement à un élève que c'est une faignasse ou qu'un élève puisse dire à son prof qu'il est habillé comme un sac et qu'il pue du bec (même si c'est vrai) ?

La parole est très souvent sanctionnable.

De nombreuses personnes évitent de dire ce qu'elles pensent afin de garder leur tranquillité sociale, et parfois aussi parce qu'elles n'ont aucune envie que leur interlocuteur leur dise ce qu'il pense, surtout si c'est lié à la personne elle-même.

Mon opinion personnelle sur cette question est claire : j'ai une certaine allergie des personnes hypocrites, c'est à dire ceux qui ne vont même pas chercher à dire ce qu'elles pensent même en arrondissant les angles.

Étant plutôt brut de décoffrage, j'ai une certaine tendance à dire les choses telles que je les pense. Mais dans certains cas, je suis conscient qu'on ne peut pas appliquer cela partout. Soit j'opte pour une formulation plus agréable tout en faisant passer le message, soit j'évite d'aborder le sujet tout simplement. Cependant, critiquer une personne par derrière est d'une lâcheté gargantuesque, et si on a quelque chose à dire à la personne concernée, autant le faire directement, quitte à le formuler courtoisement.

Je suis très attaché à la sincérité, même si parfois cela n'est pas agréable, mais au moins c'est dit. Le politiquement correct généralisé est quelque chose qui me débecte complètement.

Dire ce que l'on pense comporte le risque de blesser son interlocuteur ou de le choquer. Seulement, si on doit toujours prendre des gants, eh bien on n'est pas prêt d'avoir les mains à l'air libre.

Toute la question est de savoir de la raison de dire ce qu'on pense : est-ce qu'on le fait, si on doit dire des choses désagréables, dans le but de blesser donc par méchanceté ou parce qu'on souhaite le dire car c'est le fond de sa pensée sans volonté de méchanceté ?

Tout cela n'est pas simple.

Certains gardent tout en eux, n'osant pas dire ce qu'ils pensent soit par crainte de blesser soit par crainte d'être jugé ou catalogué, d'autres comme moi sont plus spontanés ou parfois on regrette de ne pas avoir un peu plus réfléchi avant de le dire.

De plus, l'écrit ne reflète pas toujours le comportement qu'on pourrait avoir verbalement. Lorsqu'on écrit, bien souvent, on fait un peu plus attention, alors qu'à l'oral, ça prend bien moins de temps pour dire quelque chose.

Enfin, est-ce qu'on doit dire tout ce que l'on pense ? Si je pense des choses peu agréables sur une personne, mais cette personne n'a pas de liens directs avec moi, tant qu'elle ne me nuit pas plus que cela, je passe à autre chose. Lorsqu'on dit ce qu'on pense, c'est qu'on attend quelque chose en retour : soit un soulagement, soit une réaction de son interlocuteur.

Cependant, je pense que s'il y avait un moins d'hypocrisie dans le relationnel humain, les choses iraient sans doute un peu mieux.