Mouvement

Jardins originels avant la mise en marche
Avant l’or et l’errance
Voiles déployées de cette gigantesque arche
Plaisir dans l’ignorance

Terre âpre et dévastée par l’empreinte de l’homme
Passion dans le vertige
Nous nous laissons tenter par le goût de la pomme
À l’amour qui voltige

Du sommet de la falaise aux yeux dans l’abîme
À ton regard de braise
Hallucination bleutée dont je suis victime
À ta bouche de fraise

Nous suivons les oiseaux dans le temple d’Isis
Entre le chant des morts
Ton ombre happant la mienne est une Némésis
Frappant l’entrée des ports

De ta main dans la mienne illusion du bonheur
Avant de lâcher prise
Nous avons pour une heure un zeste de candeur
Dans cette cité grise

Minimalisme au vent fumée de cigarette
Parfum de déshérence
Aux steppes désertées je te conte fleurette
Sous l'autan du silence

Nous devenons des corps dévoués au fragile
Dans le lit de l’absence
Ton cou svelte étendue de volupté gracile
Tendre magnificence

Trempés par l’orage à la tempête éthérée
Contorsions chimériques
Pamphlets face au néant de ma langue acérée
Sous les brisants cosmiques

Nous sommes animaux sous un toit de mensonges
Bramant jusqu’à l’automne
Pour quitter cet abri nous mangeons des oronges
Saveur d’un rhizoctone

Sibylline envolée de la langue aux barbares
Mystérieuse élégie
Dans l’ombre de l’esprit la puissance des phares
Éclairant la régie

La jungle m’appelle et la soif de vieux carnages
En rupture amnésique
Me fait délirer en d’improbables ramages
Ersatz de musique

Cependant nous marchons sur des routes de soie
Loin des fronts de l’histoire
Ta douleur est tel un goéland qui se noie
Au mazout dérisoire

Nous fuyons le chemin qui mène à l’abattoir
Le chemin des damnés
Cherchant l’arme sacrée de cet ultime espoir
Aux rythmes condamnés

Puis la peau de l’été se détache du sol
Tremblement du décor
Le désir est encore un plus profond alcool
Flamme de l’athanor

Prodigieuse évocation !

J'applaudis.