Folie

« Un enfant qui naît, aujourd’hui, en Grande-Bretagne, a dix fois plus de change d’être admis dans une institution psychiatrique qu’à l’université… On peut considérer cela comme indication du fait que nous rendons nos enfants fous de façon plus efficace que nous ne les éduquons. Peut-être est-ce d’ailleurs notre manière de les éduquer qui les rend fous ».
Ronald Laing

Il s'agit le plus souvent d'une absence d'éducation . Je suis toujours triste de voir une mendiante avoir au sein un bébé,tendant la main de l'autre, visiblement trop mal pour que ce gosse ait une chance de s'en sortir un jour .
La Grande Bretagne est connue pour sa tolérance extrême vis à vis de toutes les déviances , dans tous les domaines .Un enfant a besoin d'avoir des repères, pour pouvoir s'en affranchir, adulte . Si on ne les lui a pas donnés, il subit, en vrac, tous les hasards de la non éducation . Ce n'est pas ça, la liberté : il n'a pas d'autre choix .

C'est un des thèmes de Ronald Laing, le rôle néfaste de la vie familiale. La sienne, apparemment, ne fut d'ailleurs pas facile, ni comme enfant, ni comme père de famille.

Il y a dans les relations familiales une chose qui m'a toujours perturbé : si l'on aime les gens de notre famille, c'est uniquement parce qu'ils font partie de notre famille. On ne les aime pas pour ce qu'ils sont vraiment (alors que c'est le cas avec les bons amis). On se sent parfois obligé de faire quelque chose pour un membre de la famille, et on le fait à contrecœur.

Dans la vie extérieure, nous sommes souvent sujet aux trahisons de certains, même des gens en lesquels on avait confiance. Pour avoir toujours des gens sur lesquels on peut compter, on compte sur le système de la famille, mais c'est un leurre. Peu de gens peuvent vraiment compter sur leur famille.


Bien sûr, je ne dis pas qu'on ne peut pas aimer sincèrement les membres de notre famille. Mais je dis que les bases de cet amour sont malsaines.

Alors, que proposerais-tu comme structure de société ?

On aime "les siens" d'un amour instinctif, plus que la justice ( Camus disait préférer sa mère à la justice , et pourtant, il était un homme juste). Une constitution ne peut se baser sur des règles affectives et instinctives .Longtemps, je proclamais qu'un examen de droit d'éducation devait précéder celui d'avoir des enfants . C'est provocateur et irréaliste, je sais . Pourtant, on délivre un permis de conduire seulement après avoir appris, mais on peut avoir des enfants dans les pires conditions .
Le remède ? l'instruction publique, bien sûr : tout commence par là .Quitte à protéger les enfants en danger chez des géniteurs immatures et irresponsables, pour les élever dans un parrainage choisi ... Mais on criera à la dictature . POurtant, si la femme est maitresse de son corps, pourquoi l'enfant ne l'est pas ?Dans le divorce, il n'a même pas son mot à dire .

Alors, que proposerais-tu comme structure de société ?

Je n'en sais rien. J'y réfléchis.

Dans une famille on s'aime et on se "déteste" tour à tour, mais lorsque le ciment est solide, il reste toujours quelque chose!
On peut parfois "faire un effort" pour sa famille, mais est-ce répréhensible?
C'est vrai que c'est plus facile (et plus agréable) d'aller donner un coup de main aux copains qu'aux frères et soeurs, pourtant, c'est l'idée qu'on s'en fait... car les frères et soeurs (sauf cas dramatiques) resteront toujours des proches. Les copains, si la vie nous sépare, on les perd plus facilement.... sauf exceptions, bien sûr, mais dans ce cas, le plus souvent, les amis sont considérés comme des frères!

J'ai grandi avec mes deux sœurs (l'une est de six ans plus âgée que moi, l'autre est d'un an plus jeune que moi) : nous n'avons jamais été proches.
Même lorsque les gens s'aiment consciemment, il arrive souvent que des processus inconscients s'en mêle (la jalousie par exemple, l'impression de recevoir moins d'affection que les autres, etc.).

La rivalité entre frères et soeurs, ça peut faire mal, en effet. Abel et Caïn...

je fais partie d'une "tribu" familiale (une centaine de personnes sur trois générations, (mes parents sont décédés) et les disputes, les jalousies, les querelles intestines sont légions! Et pourtant, nous nous retrouvons avec un immense plaisir à chaque "grande occasion" et le plus souvent possible à 25, (mes enfants et petits-enfants), malgré les dissensions!
Et si certains ne sont pas toujours disponibles pour les autres, on le leur reproche un peu... puis on oublie! car ils ont aussi une vie "privée" en dehors de la famille!
Quant à cette impression d'être "brimé", d'être le "mal aimé", le "vilain petit canard", bien sûr qu'elle existe, mais c'est humain, et on en rit plus qu'on s'angoisse, parce que chacun son tour on éprouve cette impression!, même si c'est plus fort pour certains.
Et les liens plus forts entre certains sont aussi une évidence...
Mais au fil du temps, bizarrement, ça change!

Cochonfucius a écrit:La rivalité entre frères et soeurs, ça peut faire mal, en effet. Abel et Caïn...

Dieu merci,les nouveaux Caïn et Abel ne sont pas si fréquents!

Quel optimisme inconditionnel !

la vie m'a appris qu'il vaut mieux lui sourire qu'en pleurer.
Faire tout pour que règne l'harmonie plutôt que la discorde!... Et quand je n'y arrive pas (j'ai moi aussi des moments de faiblesse et d'envie de me sentir le "vilain petit canard) il y a toujours un de mes fils pour me rappeler que "tout ça n'est pas si important", et rétablir l'équilibre fragile de la cellule familiale!
Car il faut tout de même le vouloir, pour que ça tienne!

Deux choses:
- Camus n'a pas dit qu'il préfèrerais toujours sa mère à la justice, mais, en réponse à un provocateur musulman qui disait que ce n'était que justicie de poser des bombes, il a répondu, "si c'est là votre justice, je préfèrerai toujours ma mère à une telle justicie".
- les caractères dans une fratrie peuvent différer du noir au blanc. Ainsi, son dernier roman, Guy Bedos décrit la sœur du héros, David, comme quelqu'un de mesquin et d'intéressé au point de subtiliser des bijoux à sa mère quand elle lui rend visite sur son lit de souffrances alors que David est quelqu'un de gai, jovial et généreux. David dit que cependant, il aime bien sa sœur. Allez comprendre ?

Ah, autre chose, le problème fondamental est la solitude ontologique, celle qui fait qu'en dehors des cas où l'espèce est menacée, chaque individu lutte pour sa survie. C'est par exemple ce qu'on voit en ce moment aux actuatités haitiennes. Quand j'observe mes chiennes, si tu donnes une caresse à l'une, il faut tout de suite en faire une à l'autre, une gourmandise aussi, bien sûr, sinon elle te mordille. Pareil chez les enfants.
Et ma structure psychologique est telle que ça me révolte. Pourquoi sinon les bêtes, du moins les humains ne sont-ils pas doués d'une empathie innée qui ferait que le plaisir des uns contente tout le monde ? Au lieu de se déchirer pour la conquête d'une femme, par exemple, allant même jusqu'au meurtre, deux hommes déciderait de la laisser choisir, et qui sait, peut-être choisirait-elle les deux comme dans je ne sais pls quel film. Mais non, il faut l'avoir pour soi tout seul. Ou encore, vous avez vu dans les Westerns, deux hommes trouvent de l'or, ils pourraient se le partager équitablement et chacun aurait largement de quoi vivre et même bien vivre. Mais non, il faut qu'ils s'entretuent pour avoir tout.
Ça me fout en rogne, mais en rogne !

Certains parmi vous soutiennent que le monde est parfait. Si quelqu'un veut bien m'expliquer les raisons de ces comportements je suis toute vue.

le sexe...le sexe...le sexe

calme-toi, Gereve : pense à tes artères
J'ai grandi dans une famile réduite à papa-maman- frère, bannie des familles pour cause de mariage à la Romeo et Juliette . Alors, bien sûr, dans ce cas les liens sont étroits .Mon frère était odieux et je chouinais et cafardais , mais on était inséparables .Je crois que chaque famille est unique. Je suis bien plus proche, affectivement, des deux qui vivent dans ma proximité immédiate, quotidiennement que des deux qui sont loin .Liée de façon passionnelle à l'une de mes trois petites filles , que j'ai vue sortir du ventre de sa maman et que j'ai élevéejsuqu'à dix ans . La distance n'empêche pas l'affection mais il est certain que, dans la proximité, les occasions de friction sont plus importantes ... quoique ... il n'y a que des cas particuliers, en fait . Les caractères difficiles auraient des problêmes avec les anges eux-mêmes .

Certains parmi vous soutiennent que le monde est parfait

Je ne sais pas si je suis visé, mais dans le sujet auquel tu fais référence j'ai dit exactement que vous ne pouviez pas être sûr que le monde soit imparfait (j'ajoute d'ailleurs que vous ne pouvez pas être sûr que le monde soit parfait non plus -- bref, beaucoup de mots pour dire que l'on ne peut être sûr de rien).

Ceci mis à part, je te conseille le Théodicée de Leibniz, si tu ne l'as pas encore lu.

Il faut s'entendre sur les mots : que serait un monde parfait, à l'instant T, à tel endroit, pour qui ...
Il y a des êtres près de qui on a l'impression d'être "arrivé", des paysages qui suspendent le souffle dans une sensation de plénitude . Mais ce sont des intants, pas des états .

Ne discutons pas de la perfection du monde, je vous demande de me dire pourquoi les gens se déchirent au lieu de partager.

Parce que nous ne sommes pas des dieux supra-intelligents... Que nos émotions nous entravent...
Et, n'oublie pas que tu fais partie de ces gens, pourquoi n'utilises-tu donc pas la première personne du pluriel pour parler de nous ?

Oui, faute d'inattention, excuse, je suis un gen. Merci pour la leçon de morale.

Gereve a écrit:Oui, faute d'inattention, excuse, je suis un gen. Merci pour la leçon de morale.

un genrêve

il y a des gens qui partagent! Ceux qui n'ont rien, souvent, sont les premiers.
Mais ça n'est pas "sensationnel", ça ne fait pas recette!
C'est tellement plus "mieux" de montrer aux" assoiffés du malheur des autres" de montrer des images de lutte pour quelques litres d'eau, de bagarres pour trouver quelques planches pour reconstruire une maison et de policiers qui tirent dans le tas!

C'est bien ce que "nous" voulons, non? se vautrer dans la misère-qui-fait-vendre en sirotant une petite bière....

Et on en rajoute une couche, pour ceux qui n'en auraient pas assez vu!
Comment peut-on se satisfaire d'une telle violence? Et interviewer une femme de 70 ans au sortir de son "enfer-mement " de 7 jours?

ça m'écoeure!