La magie de la religion n'opère plus

Hier, c'était le dimanche des rameaux. Ayant pratiqué la foi catholique pendant plusieurs années, j'ai des souvenirs agréables du temps pascal.

J'avais du temps libre et j'ai décidé d'aller à la messe catholique de la cathédrale près de chez moi. J'ai été ému par les chants et les symboles. Il y avait également la nostalgie qui m'animait.

J'ai passé un beau temps.

Je me rends compte que la magie n'opère plus. Je sais qu'il s'agit d'émotions bien humaines et que le divin n'y est pour rien. Il y a bien l'expérience d'une transcendance et de la beauté. La transcendance ça n'appartient pas qu'aux croyants.

Tout à fait, la transcendance n'appartient pas aux croyants. Un non croyant peut très bien se sentir envahi par le sentiment du sacré ; quand il est face à quelque chose qui lui semble plus grand que lui, qui le dépasse, quelque chose qui produirait en lui un respect absolu, ceci quand il se trouverait par exemple face à un couché de soleil, lequel pourrait peut-être lui rappeler à quel point l'univers est immense, ou quand il se trouverait devant un nourrisson propre à lui rappeler à quel point la vie est miraculeuse, pour prendre ces exemples qui me viennent à l'esprit.

Ya le LSD aussi.

mirage a écrit:Ya le LSD aussi.

C'est dangereux avec ma personnalité.

alex_x a écrit:

mirage a écrit:Ya le LSD aussi.

C'est dangereux avec ma personnalité.

Pareil, ça m'a déclenché ma schizophrénie, mais j'ai arrêté qu'un moment à l'époque.

Tout est fait, dans le rite catholique ---et orthodoxe aussi, d'ailleurs--- pour susciter l'émotion, et certains mouvements à caractère sectaire ont l'art de l'amplifier de façon presque démesurée.
(Renouveau charismatique, par ex,. avec chants en langues, musique envoûtante, repos dans l'Esprit…)
On trouve aussi, par ex,. dans les monastères, une émotion sobre, épurée mais très prégnante, souvent l'architecture aidant. (Monastère trappiste d'Orval, en Belgique, par ex,.)

La magie n'opère plus dès lors où le sujet dissocie ces manifestations rituelles de la réalité de l'existence de Dieu auquel il ne croit plus.
Inversément, il y a eu le cas célèbre (dont le nom pour l'heure m'échappe) de cet athée qui est entré dans une église pour se rafraichir un jour de canicule, et qui soudain a été pris d'une émotion tellement intense qu'il en est devenu croyant.
Ce qui n'aurait sans doute pas été le cas si pour la même raison il était entré dans un temple protestant où le rituel est particulièrement austère, voire quasi inexistant.
A noter que dans le cas de cette conversion, ce n'était même pas une église, c'était une simple (et sans doute très belle) chapelle où ne se déroulait aucun office.
Devant un magnifique paysage, ça n'aurait probablement pas eu le même effet sur lui, mais ici il a associé chapelle à Dieu, et il a été persuadé que cette émotion était un message que Dieu lui envoyait.

Mais il y a d'autres formes d'émotions, comme chez ce supérieur d'un monastère, que j'ai un peu connu, au départ un riche homme d'affaires qui avait tout pour lui : la santé, les honneurs, la richesse, les femmes (de son propre aveu) puis qui un jour s'est rendu compte "de la vanité de tout cela". Sa réflexion sur sa vie l'a mené à ouvrir une Bible, et là une émotion l'a submergé au point qu'il décida d'entrer dans les ordres.

Magnus a écrit:Tout est fait, dans le rite catholique ---et orthodoxe aussi, d'ailleurs--- pour susciter l'émotion, et certains mouvements à caractère sectaire ont l'art de l'amplifier de façon presque démesurée.

Et dans certaines périodes de notre vie, cela peut faire un bien fou. En même temps, c'est comme toute les dépendances qui jouent avec notre cerveau : à long terme les effets néfastes l'emportent. Pour les dépendants bien sûr.

La magie n'opère plus dès lors où le sujet dissocie ces manifestations rituelles de la réalité de l'existence de Dieu auquel il ne croit plus.

Évidemment et, dans mon cas, en approfondissant le sujet du point de vue de la sociologie et des neurosciences.

Inversément, il y a eu le cas célèbre (dont le nom pour l'heure m'échappe) de cet athée qui est entré dans une église pour se rafraichir un jour de canicule, et qui soudain a été pris d'une émotion tellement intense qu'il en est devenu croyant.

Je connais le cas de Paul Claudel à Notre Dame de Paris en décembre 1886. Il n'y avait sûrement pas de canicule.

Pour lui, c'est le début de sa foi etl e moment de sa conversion. Par contre, nous savons qu'il s'agit d'un long processus pour lui. J'ai lu quelque par - j'ai oublié la source - que Claudel avait lu la Bible en entier avant d'entrer dans la cathédrale. Donc, il ne s'agit pas d'une conversion instantannée.

La sociologie montre qu'il existe très peu de conversion. Habituellement, les gens meurent dans la religion dans laquelle ils sont nés. Plutôt que de se convertir, la plupart en abandonne la pratique ou la redécouvre plus tard (c'est plus rare). Souvent quelques croyances demeurent même si dans la vie quotidienne elles ont peu d'effet. Rare sont les personnes qui vont jusqu'au bout de la déconstruction de leurs croyances et deviennent athées.

Je dirais que cette visite dans l'église la semaine dernière est un moment clef de mon athéisme. J'ai été capable de reconnaître la beauté du rite et son inefficacité sur moi pour me convaincre de l'existence du surnaturelle.

Pour tourner la page sur mon passé de croyant, j'ai écrit cette semaine à mon diocèse de naissance pour signifier pour apostasie. Je sais que c'est symboliques mais les symboles peuvent être libérateurs.