Aujourd'hui

Mais en fait, nos formulations sont véritablement trompeuses je trouve.

Car qu’est-ce qui pourrait ne plus exister ? Soi-même ? Mais comment le soi pourrait ne plus exister alors que ce terme désigne précisément un truc qui existe ?

De même quand on dit d’une personne qu’elle est morte. Non, on ne peut pas être mort, car être quelque chose est le propre d’une personne vivante, il n’y a donc aucune personne qui soit morte, une personne est toujours vivante. C’est donc complètement contradictoire comme formulation. Enfin, il me semble…

Donc ce dont il faudrait parler je pense, ce n’est pas de la personne morte, mais de la personne autrefois vivante :

Et votre père ? Il est mort. Il était autrefois vivant. Ca me semblerait plus juste.

Ou alors quand on dit "il est mort", on veut dire par là qu'il est (la) mort, donc qu'il n'est rien...Là ça peut prendre un sens.

Loofrg a écrit:Donc ce qui est insupportable, c’est l’idée qu’elle s’en fait [de la mort], et puisque cette idée de la mort est insupportable, comment pourrait-elle la supporter ?

En essayant de cultiver une idée plus positive, de notre mort.
Soit par la croyance en un au-delà heureux : je ne meurs pas, je ne fais que partir rejoindre ceux que j'ai aimés.
Soit en sachant que nous plongerons dans une sorte de long sommeil où il n'y aura ni du bon ni du mauvais, mais pendant lequel nous ne nous rendrons pas compte qu'il n'y a ni du bon ni mauvais.
Si je dors et que je ne me rends compte de rien, je ne suis pas heureux, mais surtout je ne suis pas malheureux !

Ce qui nous fait peur pour l'instant, c'est le fait de devoir tout quitter.
Mais : soit nous ne quitterons rien (Paradis, autres vies…), soit nous ne nous rendrons absolument pas compte que nous avons tout quitté.

Avant notre naissance, nous étions aussi dans le "Rien".
Etions-nous pour autant malheureux ?

Magnus a écrit:Ce qui nous fait peur pour l'instant, c'est le fait de devoir tout quitter.

Effectivement, et cependant ce qui est paradoxal, et c’est ce que j’essayais de dire plus haut, c’est qu’en réalité, c’est-à-dire expérimentalement parlant, il semble bien que nous n’avons rien à devoir quitter, ceci parce que la seule personne qui serait sensée devoir tout quitter, ce serait la personne morte, or il n’y a jamais de personne morte, puisque la personne est toujours par définition vivante, qu’il n’y a pas de personne morte à proprement parler.

Donc lorsqu’il y a mort, du moins quand on se réfère à la vision athée, il n’y a plus personne qui puisse perdre la vie et donc qui puisse possiblement se trouver dans la situation de devoir tout quitter. Donc en fin de compte, jamais nous n’aurons à faire l’expérience de tout quitter étant donné que la seule expérience que nous puissions faire c’est celle de maintenant où nous sommes en vie et où la mort ne nous a pas touché.

Donc en réalité, il semblerait que cette peur que nous aurions serait due à une forme de projection d’une personne qui persisterait à exister à l’état de mort, enfin, je l’explique comme ça, une personne triste de devoir tout quitter, donc nous aurions en ce sens peur de quelque chose qui expérimentalement parlant ne sera jamais. Aussi à quel endroit la tristesse se manifeste-t-elle vraiment ? Pas dans la mort, c’est impossible, non, elle se manifeste maintenant, elle est une peur vitale. Maintenant nous avons peur de tout perdre alors que comment pourrions-nous perdre quoi que ce soit maintenant étant dit que maintenant est la seule chose qui soit et que maintenant rien ne peut se perdre ?

Et donc comme tu le dis : « Si je dors et que je ne me rends compte de rien, je ne suis pas heureux, mais surtout je ne suis pas malheureux ! » Mais ce serait quoi ce malheur qui serait propre à la vie ? Ne serait-il pas relatif au fait de devoir endurer la peur dont l’une d’entre elles, la plus prégnante de toutes, serait en l’occurrence liée au fait de craindre de mourir et donc en particulier de tout perdre ? Une vie qui en viendrait à se défaire de cette crainte persisterait-elle dans son caractère malheureux ?
De plus, si le malheur de la vie est principalement lié à la peur de mourir, pourquoi avoir peur d’une mort qui nous délivrera de cette peur qui précisément fait tout le malheur de la vie ? C’est complètement paradoxal non ?

Magnus a écrit:Avant notre naissance, nous étions aussi dans le "Rien".
Etions-nous pour autant malheureux ?

Oui, cette asymétrie entre le rien qui serait celui d’avant notre naissance et le rien qui serait celui d’après notre mort mérite bien en effet d’être questionnée je pense. Pourquoi avons-nous peur en effet du rien d’après la mort, alors que le rien d’avant la vie ne nous pose aucun souci…C’est étrange quand-même…

Et il y a un truc aussi concernant ce rien qui aurait précédé la vie, et ça c'est vraiment une chose dont on peut se rendre compte, à savoir que ce rien n'est vraiment rien, à savoir que nous n'avons pas vécu un état de rien qui se serait situé avant notre naissance, la seule chose que nous ayons vécu, c'est la vie, et pour cause, si nous avions pu faire l'expérience du rien situé avant notre naissance, autrement dit, si nous avions pu faire autre chose que l'expérience de la vie, et bien ce rien n'aurait pas été rien, il aurait été quelque chose...

De cette manière, je pense qu'on peut facilement comprendre qu'on ne fera jamais que l'expérience de la vie, qu'on ne fera jamais l'expérience de son achèvement, de même que nous n'avons pas fait l'expérience de son commencement...En fait expérimentalement parlant il n'y a jamais eu, il n'y a et il n'y aura jamais que l'expérience de la vie.

Je vois mon message d'hier, sur la page il y a marqué :



Ca ne serait pas possible de toujours garder "Aujourd'hui" avec l'heure qu'il est maintenant, sous le nom du sujet "Aujourd'hui" ? La modération ne pourrait-elle pas réaliser ce petit tour de magie ?  

Bon, de toute façon, même si c'est écrit "hier" ce n'est toujours qu'aujourd'hui qu'on lit le truc !

Excellent ! (vu le titre du thread).

Exc elent!!