Jésus le blasphémateur

C'est le titre d'un article du théologien protestant Jérôme Cottin. Source

Le personnage de Jésus m'intéresse toujours. J'ai quitté le christianisme mais je dois dire que mes études en théologie (dans une fac catholique libérale) m'ont beaucoup influencé.

Jésus ne ressemble pas à l'idole qu'en font les chrétiens conservateurs. Jésus n'a pas prêché Ayn Rand et le libertarianisme ! Jésus était du côté des opprimés et des exclus.

En cela il s'oppose aux religieux de son temps :

Extrait a écrit:Nous voyons bien ici qu’il s’agit de deux visions de Dieu qui s’affrontent, l’une (celle des tenants d’une religion légaliste) cherchant à s’imposer à l’autre (celle de Jésus).

Et c'est dans le blasphème que Jésus se démarque !

Ce qui choque ses opposants, c’est que Jésus ait prononcé une parole réservée à Dieu : pardonner les péchés.(...) On voit aussi à quel point la notion de blasphème est subjective, sinon vaine, car une même parole et un même geste sont reçus comme témoignage de l’action de Dieu pour les uns, et grave offense contre Dieu pour les autres. Enfin ici, le « blasphème » commis par Jésus guérit : c’est un geste généreux, fort utile à la société et à l’individu. Les paroles conclusives de Jésus ne laissent aucun doute : ce qui a été compris à tort comme blasphème par certains est non seulement un geste altruiste et humanitaire, mais plus encore une preuve de l’autorévélation de Dieu. Par la personne de Jésus, Dieu agit comme il le veut, y compris par des gestes socialement non conformistes, dérangeant voire provocant. La conclusion du récit souligne que le blasphème est perçu par beaucoup comme un acte d’autorévélation de Dieu : « La stupeur les saisit tous et ils rendaient gloire à Dieu ; remplis de crainte, ils disaient : “Nous avons vu aujourd’hui des choses extraordinaires.” » (verset 26).

Jésus est celui qui dénonce le pouvoir... donc les autorités injustes.

Un dernier texte des évangiles met Jésus en prise avec le blasphème, et concerne moins des paroles qu’il a dites, que leur interprétation tendancieuse par une personnalité politique. En Matthieu 26,62-65, le Grand Prêtre, représentant le pouvoir religieux suprême, demande à Jésus – prisonnier devant lui – s’il est le Messie, le Fils de Dieu. Jésus respecte la Loi juive, et répond très finement en prenant soin de ne pas prononcer le Nom de Dieu, ce qui aurait signifié enfreindre les Commandements divins et la Loi du Sanhédrin. Son interlocuteur, du haut de son pouvoir juridique et religieux, ne l’entend pas ainsi, et répond : « Il a blasphémé » (verset 65). Mais c’est en fait une accusation calomnieuse. Ce n’est pas simplement une question d’interprétation mais aussi de pouvoir.

C’est celui qui a le pouvoir qui décrète de la validité du sens.

En un mot, Jésus est un révolutionnaire, non ?

loofrg a écrit:En un mot, Jésus est un révolutionnaire, non ?

Oui et je trouve cette lecture très intéressante même. En fait, il est possible de faire une relecture libératrice de plusieurs traditions religieuses. Je possède un livre sur le prophète de l'Islam (écrit par un musulman) qui propose des lectures féministes, punk, queer, etc. du prophète Muhammad.

Ca doit être un sacré bon bol d'air frais ce livre…

Je ne sais pas si c'est trop HS que de parler de ce sentiment d'ennui, de tristesse, et même de dégoût qui m'ont envahis les rares fois où je suis allé à la messe en France. En tous cas, lorsque je mentionnais ce bon bol d'air frais, c'est ce qu'il m'a semblé qu'il manquait très nettement à ce culte catholique dont je dirais qu'il sent le renfermé à plein nez, et à propos duquel je dirais qu'il aurait bien besoin d'un Jésus, pour rudement le bousculer. Mais c'est vrai que de mon côté, je ne puis concevoir la foi sans joie, sans énergie vitale, sans un peu de folie.

Non, ce n'est pas un hors-sujet, c'est un sous-sujet. Les sous-sujets sont quasi inévitables lorsqu'on parle de religion.

Ah ! Tant mieux !

loofrg a écrit:Je ne sais pas si c'est trop HS que de parler de ce sentiment d'ennui, de tristesse, et même de dégoût qui m'ont envahis les rares fois où je suis allé à la messe en France. En tous cas, lorsque je mentionnais ce bon bol d'air frais, c'est ce qu'il m'a semblé qu'il manquait très nettement à ce culte catholique dont je dirais qu'il sent le renfermé à plein nez, et à propos duquel je dirais qu'il aurait bien besoin d'un Jésus, pour rudement le bousculer. Mais c'est vrai que de mon côté, je ne puis concevoir la foi sans joie, sans énergie vitale, sans un peu de folie.

Tu n'es pas hors sujet. Je m'intéresse à toutes les formes de l'expérience spirituelle. Ça me parle beaucoup.

Je connais plusieurs communautés catholiques au Québec qui offrent de belles messes a commencé par la cathédrale de ma ville. Le responsable des chants aiment beaucoup André Gouze et moi aussi. Chez les catholiques, j'aime la beauté de la musique et des rites. Par contre, se sont plutôt des communautés conservatrices.

Dans la ville à côté de chez moi, je peux assister à la messe de la fraternité monastique de Jérusalem. La chapelle est presqu'entièrement vitrée et en plein bois.

C'est vrai que quant à moi, j'ai plutôt assisté ici à des messes où il n'y avait pas de chorale, où il fallait supporter les voix chevrotantes des ouailles et l'orgue joué "d'un seul doigt". Mais je ne doute pas que cela prenne une autre dimension avec une belle chorale, et bien évidemment, il doit bien exister en France aussi quelques endroits où l'on peut assister à de brillants offices...Mais même avec ça... J'ai du mal à supporter cette façon de parler normalisée que les prêtres se croient le plus souvent obligés d'emprunter. J'en faisais d'ailleurs la remarque à un ami qui m'a rétorqué à juste titre qu'une telle façon de parler appartient à cet ensemble cérémonial...
Mais bon, je décris juste mon sentiment personnel et relatif à ces expériences de messes que j'ai faite qui sans doute ne sont pas à 100% représentatives de ce qui se fait de mieux en la matière. Je suis persuadé que mon regard serait tout autre dans les conditions que tu décris, je veux parler des messes auxquelles tu vas. Sans doute aussi que cette différence de qualité est liée au fait, que la France est un pays où l'église catholique se meurt, c'est du moins ce que j'ai cru comprendre.

Au Québec, le catholicisme est sur respirateur artificiel. Le dernier sondage affirmait que si 73% se disent toujours catholique, seulement 20 % d'entre eux vont à la messe à toutes les semaines. Et ce n'est pas des jeunes. La moyenne d'âge des prêtres est au dessus de 70 ans.

Ah, ok, c'est comme ici alors...

patrick victo a écrit:Chez les catholiques, j'aime la beauté de la musique et des rites.

Et dans des églises de tous styles et souvent de toute beauté (contrairement aux temples protestants, par exemple.)