Sagesse du pluvian
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Monstre amusant
À l”école, j’étais le bouffon de ma classe,
À de graves sujets mon rire s’attaquait ;
Notre maître indulgent parfois me répliquait
Sachez qu’il s’en fallait pour que je l’égalasse.
Puis je fis un métier, dans une bonne place,
À mes obligations sagement je vaquais ;
Mais j’étais amuseur, je n’étais point laquais,
Mon équipe, d’ailleurs, n’en était jamais lasse.
Je ne me pris jamais pour un docte penseur,
Ni ne me crus subtil, comme sont les danseurs,
J’accomplissais plutôt la tâche d’un trouvère.
Tel fut mon jeune temps, tels sont mes souvenirs,
J’y repense le soir avant de m’endormir ;
Mon destin de vieillard n’est pas non plus sévère.
Main de Dionysos
Une sage dryade est du dieu la maîtresse,
Depuis qu’il la fréquente, il vit de presque rien ;
Sa main jadis bien rude apprend quelques caresses,
Mais il s’inspire aussi de Diogène le Chien.
Le feuillage est empli de rires d’allégresse,
Il n’y a pas de mal à se faire du bien ;
Sa jeune amante excuse une ou deux maladresses,
Lui donnant des leçons que toujours il retient.
Ainsi, le dieu du vin peut voir la vie en rose,
Il devient plus courtois, disant de belles choses,
On le croyait vulgaire, il nous prouve que non.
Un immortel peut-il être toujours fidèle ?
Dionysos, sur ce point, cherche-t-il un modèle ?
De l’épouse de Zeus il invoque le nom.
Spectre maudit
Ici plane un fantôme aux ailes de vampire,
Sa vie ne fut que ruses et viles trahisons ;
Il hante maintenant une vieille maison,
Ce n’est pas reluisant, ça pourrait être pire.
Ses frères sont partis vers l’Infernal Empire,
Préférant être là que dans une prison ;
Ils souffrirent d’un mal sans nulle guérison,
Dont le jeune et le vieux l’un comme l’autre expirent
Notre héros revoit ceux qu’il a tourmentés,
Tous ceux du sang desquels il s’est alimenté ;
Sous l’effet de la mort s’apaisent leurs blessures.
Par ceux-là son visage est reconnu parfois,
Même s’il est souillé de quelques salissures,
Ils lui parlent alors ; lui-même reste coi.
Coeur de sinople
De se croire important ce coeur n’a pas envie,
Mais il sait, toutefois, qu’il n’est pas sans valeur ;
Lui qui a traversé le froid et la chaleur,
Il montre son courage et s’accroche à la vie.
Sa soif de plaisir n’est pas encore assouvie,
En cette dure époque il cherche la douceur ;
Il cherche la lumière en ces temps de noirceur,
Il envie Prométhée qui la flamme a ravie.
Guidant ce faible corps dont l’âme est presque morte,
Il l’aide à savourer des joies de toute sorte,
Afin qu’il soit serein pour accueillir la mort.
Ainsi qu’un galérien qui s’accroche à la rame,
Il navigue parmi les bonheurs et les drames ;
Il ne se lasse point de ce plaisant effort.
Ange équivoque
Il vint au monde quand le soleil s’allumait
Et fut admiratif devant cette fournaise ;
Son esprit s’exaltait, son âme s’enflammait,
Il aurait adoré se cacher sous la braise.
Quand il fut écolier, ses copains il plumait,
Le pauvre instituteur en était mal à l’aise ;
Car d’habitude un ange à la Loi se soumet
Plus rigoureusement que les hommes de glaise.
Son allure angélique est-elle un faux-semblant ?
Est-ce un sombre démon sous un plumage blanc ?
Un incube, un satyre, un vampire, une goule ?
Nous n’en savons trop rien, répondre est malaisé,
Peut-être qu’avec l’âge il pourra s’apaiser,
Comme il advient à tous, lorsque le temps s’écoule.
Dieu dans la verdure
Je suis un grand oiseau, le seigneur du bocage,
De tout ce qui me plaît je prélève ma part ;
D’autres seront nourris de mes restes épars,
C’est ainsi que je vois l’équitable partage.
De tous les animaux je comprends le langage,
Mais celui des humains, je le laisse au placard ;
Sans valeur sont les mots des primates bavards,
Gens dépourvus d’instinct, bipèdes sans plumage.
Sans crainte mes sujets s’en remettent à moi,
Je sais les apaiser quand ils sont en émoi ;
Pour ministres j’ai pris de sages alouettes.
D’avoir des successeurs je n’ai pas le souci,
Nous ne manquerons point de candidats ici ;
Car j’en ai dénombré trois cents et des brouettes.
Oiseau messager
Je porte les aveux d’un amant à sa belle,
Au début des beaux jours, je porte aussi des fleurs ;
Je porte des blasons de diverses couleurs,
Je porte le parfum des amours immortelles.
Par moi, les prisonniers donnent de leurs nouvelles,
Je vole en plein été sans craindre la chaleur ;
Hélas, je dois aussi transmettre la douleur
De celui dont le frère eut une mort cruelle.
Endurante est mon âme et robuste mon corps,
Je mange bien, mais sans me goinfrer comme un porc ;
Je porte un grand respect aux dieux et aux déesses.
Sans doute, il me faudrait me reposer un peu,
Ou bien, construire un nid pour y couver des oeufs ;
Je devrais, pour cela, choisir une maîtresse.
Fleur sans pourquoi
La fleur, loin des jardins, fleurit pour elle-même,
Elle ignore jusqu’à son petit nom latin ;
Elle n’entend jamais l’Angélus du matin
Ni n’a jamais reçu la grâce du baptême.
Cette fleur n’a jamais de sentiments extrêmes,
Elle est indifférente à son propre destin ;
Tu ne la verras pas aux tables des festins,
Car la sobriété, c’est sa vertu suprême.
Elle fut admirée d’un philosophe hindou,
Un honorable ascète, un homme simple et doux ;
Auprès d’elle il pria, lissant sa barbe grise.
Ensuite il regagna sa modeste maison,
Car il devait cueillir les fruits de la saison ;
Mais de la fleur longtemps son âme fut éprise.
Re: Sagesse du pluvian
Celle-ci est superbe !
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
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Localisation : Lot
Identité métaphysique : Abeille
Humeur : Emeraude
Date d'inscription : 04/07/2018
Monstre totalement inoffensif
Vêtu modestement de sa toison de laine,
Il ne sait pas griffer ni mordiller les mains ;
Il avance, pensif, au long de grands chemins,
Puis il s’arrête un peu, c’est pour reprendre haleine.
Il n’est jamais parti vers des terres lointaines,
Il reste volontiers dans son cher patelin ;
Il raisonne assez bien, sans se croire malin,
Il rumine parfois des pensées incertaines.
Sous le fardeau des ans, ses poils deviennent gris,
Moins robuste est son corps et moins vif son esprit ;
Il est plein de sagesse, ou bien, il devrait l’être.
Une muse alanguie voudrait le réchauffer,
Ou, plus modestement, lui offrir un café ;
Mais elle n’ose pas le dire en toutes lettres.
Flamme de sinople
Rien n’est plus vert que cette étrange flamme
Qui en Eden sa clarté répandait ;
L’ombre nocturne, elle la pourfendait,
Illuminant les ténèbres des âmes.
Dans son contour, je vois un tétragramme,
Je vois les mots que Moïse entendait ;
Je vois les vers que Salomon scandait,
J’entends Adam parlant à ses deux femmes.
Dieu peut guider les sages et les fous,
Il peut créer l’éclair qui brûle tout,
Ou ce vert feu, que j’aime à la folie.
Il renferma l’univers en un point,
La flamme, alors, n’y manquait pourtant point,
Qui par Satan ne peut être abolie.
Plumes d’ambilion
Moi, ce que j’aime, c’est voler de part et d’autre,
Même si dans les airs passe un nuage noir;
J’habite sous les toits d’un modeste manoir
Avec un jeune chat qui sur mon lit se vautre.
Nous parlons aux souris, comme deux bons apôtres,
Ces rongeurs circonspects ne se font pas avoir ;
De leur petite tête est vaste le savoir,
Il me semble, souvent, qu’il dépasse le nôtre.
J’ai plaisir à planer sous des cieux menaçants,
M’approchant du logis des rapaces puissants;
J’ai plaisir à filer jusqu’aux régions torrides.
Je suis toujours serein, car je suis sans rival,
Sauf lorsque j’ai voulu séduire une sylphide
Qui préféra Pégase, un vulgaire cheval.
Oiseau de la sagesse
Je sais du mal de vivre éloigner la douleur,
Un Bouddha me l’apprit, qui au Népal habite ;
Ce fut dans mon mental une lueur subite,
Soudain j’ai cessé d’être un oiseau de malheur.
Je supporte à présent le froid et la chaleur,
Sans faiblir, désormais, mon petit coeur palpite ;
Il ne ralentit point, ni ne se précipite,
Le sang dans mes vaisseaux a de belles couleurs.
Ce corps n’avait, jadis, qu’une voix étouffée,
Elle s’est éclaircie, elle s’est étoffée ;
La colombe m’écoute et trouve cela beau.
Je vois autour de moi d’apaisants paysages,
Des humains rencontrés s’adoucit le visage ;
Tout le monde est gentil, sauf deux ou trois corbeaux.
Dragon des confins
C’est un cracheur de feu, c’est un mangeur de pierres,
Il est fier d’être fils de guivre et de griffon ;
Il arbore à Noël sa couronne de lierre,
Il écoute, pensif, les mots de son bouffon.
Parcourant les bouquins des chercheurs de lumière,
Il admire l’esprit de ces penseurs profonds ;
Sa muse à les aimer toujours fut la première,
Leurs paroles de paix son âme satisfont.
Les amis du dragon, frères en beuverie,
Parfois ont transformé sa demeure en tripot,
Ayant pour taverniers les elfes des prairies.
Au donjon du manoir flotte un large drapeau,
Lequel fut dessiné par une enchanteresse
Et donne fière allure à cette forteresse.
Sagesse du rhinocéros
Je me suis équipé pour marcher sur la lune,
Cet aménagement me coûte un peu d’argent ;
Sache que mes pareils ne sont pas indigents,
Nous trouvons des trésors sous le sable des dunes.
J’ai pris soin de choisir une date opportune
Pour rejoindre cet astre en notre ciel nageant ;
Je fus très attentif à son contour changeant,
Ainsi qu’à son rapport aux phases de Neptune.
Je pris pour conseiller l’astronome-berger,
Donnant quelques flacons pour le dédommager ;
Le maître forgeron me fit une machine.
À bord, je me nourris d’un peu de saucisson,
Je consomme très peu d’enivrantes boissons ;
La taverne lunaire offre du thé de Chine.
En perdition
Navires traversant une rade ignorée,
Je vois qu’ils sont passés par de mauvais moments ;
Un ondin les tourmente avec acharnement,
Une sirène aussi, par le Diable inspirée.
L’aumônier aux marins donne les sacrements,
Par lesquels sont un peu leurs âmes rassurées ;
Même, cela fait fuir la sirène apeurée,
Mais l’ondin, quant à lui, s’en moque franchement.
Ces nefs, que l’on avait joyeusement lancées,
Se sont, dès leur départ, dans la brume enfoncées,
Vivement propulsées par les vents de travers.
Matelot, dans le vin veux-tu tremper tes lèvres ?
À ces pénibles jours de panique et de fièvre,
De plus puissant remède on n’a pas découvert.
Édifice éburnéen
L’érudit se retranche en une tour d’ivoire,
Contemplant à la vitre un carré de ciel bleu ;
Il tâche de transcrire un songe nébuleux,
Souvenir indécis, fantôme en sa mémoire.
Il ne veut point en faire un récit trop verbeux,
Il veut le condenser en une brève histoire
Pour évoquer le temps où, loin de ses grimoires,
Il courtisait sa muse en des vallons herbeux.
Son esprit s’aventure en ces douces pensées,
Puis sa plume se meut, la machine est lancée,
Sans trop s’en rendre compte il aligne des vers.
Ne lui retire pas ce plaisir poétique,
Lequel faisait la joie des rhapsodes antiques ;
C’est un amusement qui n’a rien de pervers.
Force de voiles
Marin, borde le foc, la brise est vigoureuse,
Tu vas pouvoir bientôt gagner la haute mer ;
Ne sois pas effrayé par les ondins pervers,
Tu n’es point menacé par leurs ruses foireuses.
Marin, cramponne-toi, car la vague se creuse,
Ta nef est à présent vive comme l’éclair ;
Le ciel est obscurci, l’orage est dans les airs,
La barre est bien tenue par ta main rigoureuse.
Ignore la sirène et son corps irisé,
Par elle ton destin pourrait être brisé ;
Ta promise t’attend, matelot, prends courage.
Tu n’auras à manger que du poisson salé,
Ce modeste repas sera vite avalé ;
Mais garde bien ton cap, ne crains pas le naufrage.
Magie du rêve
L’univers onirique, autre réalité,
Associe le délire avec la remembrance ;
Tu y rencontreras d’étranges apparences,
Ainsi que les lueurs d’une sacralité.
Notre monde banal y peut être imité,
Puis sublimé soudain dans une ardente transe ;
L’inattendu survient, sans craindre les outrances,
Au labyrinthe flou qui semble illimité.
Accueille-moi souvent, monde surnaturel
Abrite-moi des maux, refuge intemporel ;
Qu’importe si ces joies ne sont que transitoires !
Muse, des cauchemars n’aie nulle crainte, car
Ce n’est que ton esprit qui vide ses placards ;
Cela peut engendrer d’amusantes histoires.
Trio de planètes
Trois astres partageant une même lumière,
Ayant même vitesse et semblable grandeur ;
Leur soleil vieillissant modère son ardeur,
Mais il conserve un peu de sa vigueur première.
Ces trois planètes sont assez hospitalières,
Elles n’ont jamais vu le moindre explorateur,
Parmi les animaux, fort peu de prédateurs,
Juste des tamanoirs auprès de fourmilières.
Dans les jardins royaux sont des oiseaux moqueurs,
Les braves courtisans prennent ça de bon coeur ;
Ces rires d’emplumés font partie du folklore.
Ceux de la météo prédisent des jours gris,
Le bonheur d’aujourd’hui, c’est toujours ça de pris
Pour ces trois habitats, et leur faune, et leur flore.
Arbre sans fruit
Cet arbre a grandi loin des bienfaisants rivages,
Le pollen fécondant nullement ne l’atteint ;
Et l’abeille du soir, et celle du matin
Toujours ont déserté cette zone sauvage.
Un autre Adam vécut dans ces lointains parages,
C’est ce que nous apprend un vieux bénédictin ;
Mais pour lui, ni serpent, ni funeste destin,
Juste cet arbre nu, pas de fruit, pas d’outrage.
— Or, peut-on s’envoler vers ces lieux étrangers ?
Quel plan nous faudrait-il pour ainsi voyager ?
— Cesse donc de rêver, tu n’y pourras prétendre.
Et tu me répondras que cela te déçoit,
Mais il en est ainsi, l’Adam pur ne reçoit
Jamais de visiteurs, pas même une Ève tendre.
Moulin funeste
De noire magie sont mes ailes investies,
Car je fus bâti par un chamane mongol ;
Dans les seaux de mortier il mêla des hosties,
Sur la porte il grava le nom de plusieurs trolls.
Ma toile fut tissée dans une sacristie,
Près d’un bénitier plein de jus de corossol ;
Je suis un noir moulin, foin de la modestie,
Capable d’assommer les aigles en plein vol.
Le sinistre meunier jadis fut dans la dèche,
Maintenant, tu le vois, c’est dans la soie qu’il crèche,
Lui qui sut déchaîner quelques enchantements.
Je sais que Dieu sur moi lancera des tempêtes,
Tu me verras alors m’écrouler lentement ;
Tu pourras en nourrir ton oeuvre, amipoète.
Saint Escuiruel
Ce saint rongeur grimpe aux rochers
Puis dans un trou d’arbre il se cache ;
Fier comme un coq sur son clocher,
Il lisse sa fine moustache.
Sur un grimoire il s’est penché
Qu’écrivit jadis Sainte Vache ;
Dès sa jeunesse, il fut touché
Par cette grande âme sans tache.
Puis il écoute Saint Renard
Qui de porter son chef a l’art
Sans craindre les démons sauvages.
Il a des noix pour son repas,
Du jus de mûres pour breuvage ;
La disette, il ne la craint pas.
Re: Sagesse du pluvian
J'adore l'écusson ! Vraiment je l'adore ... il est superbement beau !
Pour le coup je le récupère dans mon dossier de sélections d'écussons.
Pour le coup je le récupère dans mon dossier de sélections d'écussons.
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Fils de girafe et de père inconnu
Je ne suis nullement l’enfant d’une bergère,
Mais bien d’une girafe ; aux instants vespéraux,
Elle fut courtisée par un obscur héros,
Lequel a regagné sa province étrangère.
Ne disons point de mal des amours passagères,
Sans elles, que feraient nos amis les blaireaux ?
Un dieu même, parfois, se déguise en taureau
Afin de procréer sur un lit de fougères.
La tête loin du corps, certains jours, c’est pénible,
Ça donne l’impression qu’elle est moins disponible ;
Mais je n’aimerais point un bref cou de rongeur.
Je me présente à vous de façon peu subtile,
Je ne sais point chanter ainsi qu’un volatile;
Je voudrais dire un mot, mais je reste songeur.
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