Philosophie par autodidaxie

Oui Bulle j'y ai pensé. Mes parents sont les plus importants et ils m'ont même encouragé à vouloir faire des études. Disons plutôt qu'ils me connaissent très bien. Ils savent que je suis extrêmement intransigeant en ce qui a trait à mes études, que j'aurais préféré quitter la secte immédiatement si cela devait m'empêcher de mener une vie conforme à mes aspirations les plus profondes. Ça tout le monde le sait d'ailleurs. Déjà en seconde, les anciens venaient souvent chez moi pour me persuader que je devrais consacrer moins de temps aux études. Et puis, ils se sont mis à énumérer les grands intellectuels haïtiens, et m'ont dit tout bas : «La vie de ces personnes n'est faite que de déceptions. Qu'ont-ils fait sinon que publier des ouvrages, enseigner, participer à des conférences, des réunions, des séminaires, etc.» Tout ça pour me convaincre qu'une vie intellectuelle n'est peut-être pas la meilleure vie qui soit, qu'il y a certainement mieux si je veux donner un sens à mon existence, que je devrais viser le Royaume de Dieu.

Ils peuvent toujours discourir. Ils ne vont pas pouvoir me contraindre. Je crains seulement qu'ils cherchent à faire pression sur ma mère. Connaissant bien leur nature, je pressens même qu'ils ont déjà commencé. Mais ma mère possède une certaine lucidité, elle ne va pas se laisser complètement embrouiller.

Maintenant que j'y pense, j'aimerais bien voir leur tête quand je les aurais annoncé que je veux étudier la philosophie. Quoi la philosophie ! Pour Un témoin de Jéhovah ça ne colle vraiment pas. M'en moque de toutes façons.

La seule personne qui m'inquiète c'est une amie, tj comme moi. Ça ne va pas lui faire plaisir de l'entendre, et ça m'angoisse terriblement. Elle voulait que je consacre ma vie au «service du royaume», comme elle. Elle risque de me détester, je le sens presque. Elle est complètement «formatée», oui complètement. Et il est facile de perdre ces genres d'amitié. Ce que je regrette fort, parce que je l'aimais.

Il y a des sacrifices à faire ; côté social et psychologique, je me sens déjà très mal. Mais du point de vue métaphysique et existentiel, je vous laisse deviner : c'est tout simplement sublime !

Vous savez, le véritable problème ce n'est pas les Tjs. C'est le concours d'admission : Étude de texte, Dissertation et logique mathématique. Je me demande si je vais pouvoir réussir. C'est la toute première étape. Il y a des centaines d'étudiants qui ont le même rêve que moi et quelques uns seulement auront la chance de pouvoir le concrétiser.

Donne-toi les moyens de réussir et tu y arriveras, j'en suis sûr !

Ce chantage affectif est vraiment bien étudié et perfide.
Nous avons eu un TJ ici il y a quelques années qui avait remarqué que tout à coup, les jeunes filles qu'il trouvait attirantes et qui se désintéressaient de lui s'étaient comme par miracle rapproché lors d'une crise de doutes...
Ta maman sait au fond de son cœur ce qui ferait ton bonheur, elle est entre le marteau et l'enclume la pauvre.
Tu es obligé de leur dire que tu veux étudier la philosophie ?

Je vous souhaite un très joyeux noël !

Bulle a écrit:
Nous avons eu un TJ ici il y a quelques années qui avait remarqué que tout à coup, les jeunes filles qu'il trouvait attirantes et qui se désintéressaient de lui s'étaient comme par miracle rapproché lors d'une crise de doutes...

Mais bien sûr ! Oh mon Dieu, quel idiot je suis ! Mon prof de philo nous a dit un jour que l'on utilisait les femmes dans certaines petites églises pour attirer plus d'hommes. Évidemment je ne l'avais pas cru, mais il avait peut-être raison, ayant été diacre dans une petite communauté protestante de la région pendant pas mal d'années, il a en vu beaucoup...

C'était précisément lorsque plus rien de m'y retenait encore que j'ai fait la rencontre qui allait bouleverser toutes mes conceptions de la secte. Je ne l'avais alors plus considéré comme un lieu de manipulation et de lavage de cerveau, mais comme un «FOYER», oui un Foyer, une famille universelle, spirituelle, idyllique, féerique, oui merveilleuse. Pourquoi ? Une fille de la secte m'avait complètement retourné le cerveau . Je ne devenais pas pour autant croyant, ni rien de semblable, par contre, je «sentais» que cette secte était mon «foyer», ma maison, ma famille, ma «patrie», un «héritage» qui m'a été légué, un «héritage culturel». Alors j'ai voulu y rester sans y être adhérant. Personne ne m'y a obligé pourtant.

Les relations entre Tjs ont toujours un aspect étrange, inexplicable, surtout lorsqu'elles sont plus ou moins intimes. Elles méritent vraiment une étude spéciale. Aujourd'hui encore je ne peux expliquer ou dire ce qui en fait l'étrangeté, et à mesure que j'y pense, elles me paraissent encore plus insaisissables. Mon cas en particulier avait (c'est peut-être juste une impression), ce côté qui me fait penser à maintes reprises que j'ai été dans «l'engrenage» de je ne sais quoi... Je ne suis pas quelqu'un de parano, non, pas du tout. Mais la tj avait quelque chose dans le langage qui semblait provenir d'une «personne» tout autre qu'elle...
Je me souviens d'ailleurs de la manière tout à fait étrange dont un ancien de sa congrégation nous rapprochait, et parfois, nous donnait même de l'espace... Je me demande si c'était complètement de son gré ! Car maintenant que je me suis «remis», elle semble complètement se désintéresser de moi. Étrange, très très étrange quand je considère la manière si inexplicable dont elle se rapprochait de moi. Et du coup je ne peux m'empêcher d'avoir des soupçons.
Je n'en sais rien... Cette secte est vraiment bizarre, oui franchement. De toute manière je n'ai nulle intention d'y rester...

Tu es obligé de leur dire que tu veux étudier la philosophie ?

Pas du tout. Je peux me contenter de dire que je veux devenir professeur et tout le monde sera content. Professeur de quoi ? De lettres. Alors c'est parfait... Tout est en ordre.

Super Layens : lettre et s'ils insistent pour en savoir plus, littérature comparée en soulignant par exemple que l'étude des textes dits sacrés peut être un excellent sujet de thèse
Noyeux Joel à toi aussi

Ce mensonge cacherait aussi une vérité sous-jacente. C'est comme si tu avais deviné mes pensées : Etudier la littérature comparée et avoir un sujet de thèse portant sur les textes sacrés est l'un de mes projets...

Bonsoir les amis, je suis de retour, complètement libéré du lourd fardeau de la vie écolière. Après six longs mois de préparation, je suis désormais prêt à me consacrer à ce que j'aime réellement : Philosophie, Anthropologie, Histoire, Littérature.
Je me prépare pour trois concours d'admission à la fois : La Faculté d'Ethnologie, le département de Philosophie de l'École Normale Supérieure et l'Institut Supérieur d'Études et de Recherches en Sciences sociales (pour l'Histoire).
J'ai des tas d'idées et des tas de projets pour l'instant mais plus que la philosophie c'est l'Anthropologie religieuse qui me fascine réellement. J'aimerais pouvoir porter mes recherches sur les croyances africaines et les grands mythes égyptiens et ensuite développer une philosophie essentiellement africaine qui aura sa source dans la pensée égyptienne. Que pensez-vous d'une telle perspective ? Est-ce possible?

Pour précision, je ne compte pas devenir africo-centriste mais seulement spécialiste des religions africaines. J'aimerais approfondir la mythologie égyptienne, étudier les grands textes de l'Orient et développer une philosophie comparée.

Layens a écrit:J'ai des tas d'idées et des tas de projets pour l'instant mais plus que la philosophie c'est l'Anthropologie religieuse qui me fascine réellement. J'aimerais pouvoir porter mes recherches sur les croyances africaines et les grands mythes égyptiens et ensuite développer une philosophie essentiellement africaine qui aura sa source dans la pensée égyptienne. Que pensez-vous d'une telle perspective ? Est-ce possible?

Pour ma part, félicitations, je n'en pense que du bien  
Pour ton sujet de recherches cela dépendra essentiellement de la manière dont tu le présenteras le moment venu.
Ne jamais oublier les conseils de Bachelard nous avait-on conseillé en DEA : "Face au réel, ce qu'on croit savoir offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. [...] L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marge du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eut de questions il ne peut y avoir de connaissances scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit. "

Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, Vrin, Paris, 1938, p.14.

Ce n'est pas jeune, mais c'est un excellent conseil amha  

Question 1 : tu comptes présenter ta future thèse de recherche dans quelle spécialité ?
Question 2 : la question à laquelle ta thèse de recherche doit tenter de poser une réponse ce sera quoi ?

Question 3 :   Et au niveau de l'ambiance familiale, cela se passe comment ces perspectives d'études ?

En tous les cas, super contente de te revoir parmi nous Layens !!

Réponse de la question 1 : Je compte présenter ma future thèse de recherche dans le domaine de l'anthropologie religieuse.

Réponse de la question 2 : La question à laquelle j'aimerais répondre ? Oups ! J'y ai pas trop pensé En fait euh... disons, enfin... J'ai juste trouvé tout ça passionnant pour l'instant, je n'ai encore posé aucun problème. Ce qui me fascine ce sont les particularités du foyer culturel du monde religieux africain, j'aimerais approfondir la pensée animiste dans ses formes les plus élaborées.

Réponse de la question 3 : Côté familial ça se passe plutôt bien dans un sens et mal dans un autre.
Chez moi, l'ethnologie jouit d'une très mauvaise réputation : En fait, la majorité des ethnologues haïtiens deviennent vaudouïsants et abandonnent rapidement la recherche scientifique. Ma famille craint beaucoup pour moi, surtout lorsque je dois annoncer que mon travail devrait se fonder sur l'enquête de terrain, que je devrais étudier tout ce qui a trait aux religions africaines, particulièrement le vaudou ! Horreur ! Vaudou ? Le Vaudou, tu dis ! Oh mon Dieu ! Pour le reste c'est plutôt bien. On respecte mes décisions. Après tout, on espère seulement que je réussisse financièrement. Avec un métier d'enseignant-chercheur, ce ne sera pas bien difficile! Du moins, pourvu que la chance me sourit !

D'autres ont déjà réalisé un travail sensiblement analogue à celui que j'aimerais entreprendre. Il s'agit entre autres de Laennec Hurbon, auteur du Dieu dans la Vaudou haïtien. Il cherche à travers ce livre à développer une philosophie typiquement africaine, particulièrement sur les croyances vaudou. Il est à la fois sociologue et théologien. J'aimerais emprunter quelques unes de ses approches tout en les renouvellant, et travailler non sur une philosophie africaine mais sur une philosophie SYNCRÉTIQUE africaine et une critique des théologies orientales.

Ces quatre thématiques me fascinent entre toutes : Paganisme, syncrétisme, pouvoir et religions mondiales.

Pour moi il existe trois grands foyers culturels avec chacun ses particularités. En premier lieu, le monde indo-européen, en deuxième lieu la culture de l'Orient (Moyen-Orient) et enfin, le monde africain.

J'avais commencé le mois dernier la lecture d'un très long volume portant sur le continent africain. Il s'agit de l'Histoire Générale de l'Afrique (UNESCO). Ce livre a complètement changé la vision que j'avais eu de l'Afrique et j'ai compris que ce continent représente à lui seul un monde extrêmement riche et varié, qu'il faudrait l'étudier au même titre que tout autre sujet, qu'il s'agisse de la Grèce antique, de la Rome, des peuples celtiques et germaniques... Et du coup, j'ai décidé de comprendre cet univers.

Cet univers entretient toutefois des rapports avec les deux autres foyers (Échanges culturels : Afrique, Orient, Occident). Ceci doit constituer une part essentielle de mon travail. D'où le terme «SYNCRÉTIQUE» employé pour désigner ce monde complexe et hétéroclite.

Il s'agit surtout de placer trois mondes en perspective :
* Pour l'Occident, la pensée gréco-romaine, la théologie chrétienne et la philosophie.
* Pour l'Afrique, la Religion de l'Égypte antique et les pensées de l'Afrique païenne, chrétienne et musulmane.
* Pour l'Orient, les religions païennes et les textes sacrés des religions monothéistes.

L'approche doit s'inscrire sur deux versants : D'une part elle sera diachronique et d'autre part synchronique. Je dois étudier toute l'Afrique, non seulement du point de vue de son histoire culturelle et ses relations avec l'Orient et l'Occident mais aussi du point de vue ethnohistorique et ethnographique.

J'ai une idée. Enfin, c'est une idée très audacieuse. Je pense qu'il faudrait rechercher en Afrique les sources de la pensée symbolique et religieuse et les origines de la pensée juive et des deux autres religions révélées du Moyen-Orient. Je ne veux pas privilégier l'approche diffusionniste, mon approche serait plutôt structuraliste et c'est en vertu d'elle que je veux rechercher en Afrique les «structures» de la pensée orientale.

Un peu comme ce qui est fait là ?
Tu pourrais par exemple, pour affiner ton approche, prendre ce type d'écrit comme point de départ pour le conforter/le contredire ... Mais attention au "Pouvoir des Grilles"

Tiens en voilà une question : les analyses actuelles à propos des traditions philosophico-religieuses sont-elles contraintes par des grilles (anglophones, francophones) ...
Bon courage Layens et ravie que cela se passe bien en famille !

Si ce n'est pas indiscret, la secte a-t-elle son mot à dire à propos de tes choix ?

Oui c'est exactement ça : l'étude comparative des systèmes de pensées. Tu trouves toujours très rapidement ce que moi je dois pourtant rechercher pendant longtemps sans pouvoir le trouver. Tu es impressionnante !

Mais je voudrais avoir seulement deux doctorats, l'un en anthropologie et l'autre en philosophie.

Merci pour le conseil Bulle !

Et non, la secte n'aura cette fois-ci aucun mot à dire. J' en ai fini avec elle, pour de bon cette fois ! Il n'y a que mon prénom qui se trouve dans leurs archives ! Elle ne sait plus rien de moi. C'en est vraiment fini. On cherche certes à me retenir mais ils ont fini par comprendre qu'ils n'ont aucun pouvoir sur moi désormais. Je suis devenu un grand absentéiste ! Ils ne me voient que rarement.

Salut Layens

je rassemble tes posts, essaye d'éditer ton premier message pour mettre les autres à la suite lorsque quelques minutes se sont passées. Merci et félicitations pour tes objectifs d'études.

Tu te prépares à un joli parcours Layens

On est super contents pour toi Layens !!! Bravo pour ton courage et ta force
Bravo aussi à tes parents qui visiblement vont dans ton sens !

OK merci beaucoup pour vos encouragements.

Bonsoir tout le monde, vous m'avez vraiment manqué.

Je préparais mes concours d'admission depuis quelques mois. Ce n'est que maintenant que je me suis décidé à me donner un peu de liberté. Du coup, je me suis dit qu'une petite visite ne serait sûrement pas de refus. D'autant plus que j'ai de nombreuses préoccupations relatives à la vie universitaire.

Pour aller rapidement : Je suis inscrit en première année de licence en psychologie dans une université privée. Car malheureusement, j'ai raté la seule chance que j'avais d'étudier dans une Université publique. J'avais opté pour l'Anthropo. Mais bofff... J'ai pas eu de bol : Je suis nul en Créole et je sais peu de choses sur la Culture haïtienne, je ne pouvais pas m'attendre à grand chose. Mais bien sûr, j'ai vécu ça comme un choc terrible ! Pire dans tout ça, les crises socio-politiques ne m'ont même pas donné l'occasion de passer mon concours de philosophie. Lassé, j'ai décidé d'abandonner. Accéder aux universités publiques est tellement dificile : Les capacités d'accueil sont si limitées. En plus, c'est terriblement épuisant ! Sans oublier la patience que cela requiert : Franchement, un truc de malade ! Il faudra par exemple attendre que les tensions politiques se refroidissent avant de pouvoir passer le foutu concours. Ouais, c'est comme ça chez moi. J'ai donc d'excellentes raisons d'abandonner. Plus on est indépendant, mieux c'est. Mais ce n'est que mon point de vue personnel : Je ne suis pas du genre à vouloir trop dépendre d'institutions malades et boiteuses. Je préfère suivre un parcours qui me rendra plus libre. Pas seulement sur le plan intellectuel, mais aussi sur le plan financier. Le chômage est une véritable plaie. Chez moi il n'y aura pas moyen d'en sortir avec pour seul métier celui d'anthropologue ou de philosophe. C'est quasi impossible. Par contre, un Master 2 en Psy c'est tellement rassurant. D'autant plus que j'ai toujours été fasciné par cette discipline. Cette fascination avait vite transformé en passion lorsque j'ai découvert Freud et Jung, particulièrement grâce à Joseph Cambell, auteur du Héros aux mille et un visages. J'ai rapidement fait le lien avec Nietzsche, l'ethnologie religieuse, l'esthétique, et même la théologie et l'exégèse. Sacrée aventure !!!

Revenons aux choses sérieuses. Je ne suis malheureusement qu'un jeune inexpérimenté qui ne sait rien du tout de la vie, et encore moins de la vie universitaire. J'ai beaucoup de doutes et d'incertitudes, comme je vous l'ai dit au tout début. Et donc, je suis me dis que vous pourriez peut être m'aider dans ma voie.

Pour commencer, il faut oublier tous les autres projets auxquels je vous ai entretenu jusqu'ici. Je les ai tous jetté au feu : Je me suis rendu compte que je m'étais détaché de mes vraies valeurs. C'était dû à mes contacts avec les africanistes, que j'ai maintenant renié. Je les ai découvert en lisant quelques textes d'Anthropologie sociale et d'Histoire culturelle. C'était une petite période d'élan patriotique... C'est l'homme qui m'intéresse maintenant, l'HOMME au sens complet. Je voulais fuir l'ethnocentrisme pour un autre ethnocentrisme. De toutes façons, ma rupture avec l'Anthropologie sociale (au sens où je l'entendais) est radicale : Plus d'Occident, Plus d'Orient, Plus d'Afrique. Ce qui me fascine surtout, c'est la façon dont l'être humain s'adapte avec son milieu social et culturel, quel qu'il soit. Ce n'est plus les manifestations sociales ou culturelles qui m'intéressent, c'est plutôt le lien que celles-ci entretiennent avec la vie psychique. Je veux comprendre le fonctionnement psychologique à la base de certaines croyances, mythes, traditions religieuses, etc.

Ce qui est fascinant à mon point de vue, c'est le rapport entre la culture et la vie psychique : Comprendre les croyances, les pathologies religieuses, la morale, le sentiment religieux et artistique, les mythes, légendes, contes...

Voilà en résumé ce qui m'intéresse dans la psychologie. Je sais que cela exigera très de bonnes connaissances en ethnologie religieuse, mythologie, littérature, philosophie et histoire de la religion, et moi c'est tout ce que je veux. Mais j'ai des doutes.
Une telle approche de la psychologie est-elle possible ? Si oui, comment ? Est-il possible d'obtenir une maîtrise en philosophie après une licence en psychologie ? Est-il possible d'obtenir un doctorat en lettres après une maîtrise en psychologie ? Faut-il nécessairement obtenir une maîtrise ou un doctorat en philosophie ou en lettres ? N'oubliez pas, dans cette même approche j'aimerais approfondir les lettres (exégèse, mythologie, philologie), et la philosophie (métaphysique, théologie, esthétique).
Il y a une chose cruciale que je ne vous ai pas dit : L'approche qui m'a le plus inspiré est la psychologie analytique de Carl Gustav Jung, particulièrement le concept d'inconscient collectif. Je veux devenir psychologue clinicien, mais d'inspiration jungienne.
Je sais que c'est l'un des auteurs les plus décriés par la communauté scientifique. Mais que faire ? Je ne veux pas m'inscrire dans le prisme occidental (rationalité). Niestzche m'avait déjà ouvert la voie dans son Crépuscule des Idoles. Mon approche ne sera certes pas mystique, mais je veux puiser le moins que possible dans la tradition socratique. Je veux surtout m'inscrire en faux contre le rationalisme socratique, la pensée cartésienne, les lumières, etc. Avec Nietzsche, je vois déjà Freud et dans Freud je vois Jung, et dans Jung et vois Campbell, et dans Campbell le néopaganisme. Ce dont je veux aborder c'est surtout : La dimension spirituelle de l'homme, la question de sens, d'harmonie et de bien-être psychologique. Si on me critique de néopaïn, c'est pas grave. Je sais que suis athée, mais un athée profondément religieux comme le dit si bien Richard Dawkins. Mais après tout, peut-être que je suis néo-païen, mystique et tout ça... Si par cela, on entend "jungien", "nietzschéen", tout en étant "freudien", je dirais oui, un grand oui même : Le paganisme me fascine ! La mythologie, le phénomène religieux, les contes et légendes anciennes, et même l'art, précisément la musique sacrée, les architectures religieuses, quelques peintures d'inspiration religieuse, etc.

Voilà pour l'essentiel, maintenant je me demande ce qu'il me faut.

Hei Layens !

Ce qui est fascinant à mon point de vue, c'est le rapport entre la culture et la vie psychique : Comprendre les croyances, les pathologies religieuses, la morale, le sentiment religieux et artistique, les mythes, légendes, contes...

Le rapport est simple : notre vie psychique se construit à partir du bain de culture dans lequel nous vivons.
Le pourquoi, le comment etc sont étudiés dans des disciplines diverses : la psychologie, certes mais également les neurosciences.

Avec Nietzsche, je vois déjà Freud

Tu veux parler des pulsions ?

Voilà pour l'essentiel, maintenant je me demande ce qu'il me faut.

Cela dépend pourquoi : pour te faire satisfaire ou pour gagner ta vie ?

Les deux Bull : me satisfaite et gagner ma vie à la fois.

Alors prends tes cours de psycho comme un moyen qui te permettra de gagner ta vie et considère aussi que les acquis en question te permettront d'aller plus loin dans ta satisfaction.
Parce que je ne sais pas ce que ton université te propose dans le cursus psycho, mais en principe, du moins en France c'est tout de même assez loin de "La dimension spirituelle de l'homme, la question de sens, d'harmonie "...

Mhm... Ça me semble pas trop rassurant.

En fait, la question essentielle pour moi est surtout relative à la psychologie religieuse.

Je ne sais pas pour toi, mais amha, pour beaucoup, le fait religieux et son étude tiennent plus de la préoccupation d’ordre philosophique ou théologique que de la psychologie.
Pourquoi ? Et bien en fait peut-être tout simplement parce qu'il y a semble-t-il peu de chercheurs qui lient le fait religieux à une quelconque théorie de représentation sociales.
Pour ma part, je ne connais que Denise Jodelet.
Ce que je voulais dire, c'est qu'avant d'arriver à ce que tu veux, une éventuelle vie de chercheur dans le domaine en question, il faut que tu sois tout à fait conscient qu'il te faudra arriver au statut de "chercheur"... C'est-à-dire t'armer de patience et avaler tout ce qui peut te sembler rébarbatif ou ne correspondant pas à tes satisfactions. Parce que les cursus sont ainsi faits...
Mais je pense que ça vaut le coup !

Comme le dit Bulle, nous ne pouvons pas parler de concepts psychologiques en évoquant la religion, la spiritualité, etc....ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de fonctionnement humain psychique, mais ils tendent vers le culturel.
Qu'il y a-t-il dans le culturel et bien c'est la transmission par oralité, par écrits, par coutumes et rites. Il n'y a rien de naturel à l'origine dans une culture, nous ne pouvons donc pas parler de théorie psychologique, mais plutôt de sociologie, d'’anthropologie ou encore de théologie. Il ne faut pas, à mon avis, confondre la cause et la/les conséquence/s. La cause des religions n’est pas de l'ordre des théories psychologiques, mais les conséquences le sont possiblement.