La genèse du chiisme

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Message par caius Jeu 11 Sep 2008 - 10:33

La genèse de l’islam chiite


Le mot arabe shî'a d'où vient le mot « chiite » ne signifie au départ rien d'autre que « parti »: shî'a 'Alî, « le parti d'Ali», soit au départ ceux des musulmans qui pensaient que Mahomet souhaitait que Ali, son cousin et gendre, prenne la direction de la Ummah par opposition à la grande majorité qui, en acceptant comme Calife (successeur du Prophète) Abu Bakr, s’était ralliée aux traditionnelles pratiques patriarcales arabes basées sur la cooptation entre notables de la tribu. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants n’apparaîtront que petit à petit à partir d'un mélange d'influences culturelles, politiques, économiques et religieuses pour finir par se cristalliser dans le dogme du Mahdi, le révéré Imam dont la venue est attendue par les Chiites. Mahdi qui est censé apparaître quand le monde aura atteint le comble de la corruption et du désespoir (du point de vue d’un chiite bien entendu !).

Voyons cela :

L’ambition d’Ali finit par entraîner une guerre civile au cours de laquelle périrent Ali puis Hassan et Husayn, les deux fils qu’il avait eu de Fatima, la fille de Mahomet. Le califat passa alors entre les mains du clan des Omeyyades qui avaient pourtant été les plus dangereux adversaires de Mahomet.

La lignée des 12 Imams débute donc avec Ali, suivi de son fils aîné Hassan puis de son frère Husayn (ou Hussein) comme troisième Imam.

Le dogme de l’imamat se développa assez rapidement : la direction politique et spirituelle de la communauté des musulmans ne peut être assurée que par un membre de la Ahl al-Bayt (gens de la maison de Mahomet : Ali, Fatima, Hassan et Husayn et leurs descendants) car seuls ils bénéficient de l’Ismah (infaillibilité, protection) et ont une parfaite compréhension du sens du Coran y compris son sens ésotérique inaccessible au simple mortel. La notion de Mahdi n’apparut qu’après la mort de Husayn (Hussein.)

Après la mort de Hussein, ses partisans prirent comme imam son demi-frère Muhammad ibn al-Hanafiya (4ième et dernier Imâm pour le kaysanisme - fils qu'Ali avait eu avec une femme de la tribu des Hanîfa après la mort de Fatima),

A la mort de Muhammad ibn al-Hanafiya vers 700, une partie des chiites menés par un certain Kaysân de Koufa, affirmèrent qu’en réalité il n’était pas mort mais vivait désormais caché, miraculeusement soustrait aux yeux des mortels, et que dans un proche avenir, il sortirait triomphant de sa cachette, réunirait ses partisans et écraserait les Omeyyades pour établir le pouvoir du véritable islam et « combler la terre de justice et d'équité.» La notion d'attente du Mahdi venait de prendre forme pour la première fois. C'est ce modèle, de l'occultation et du retour attendu du véritable imam, développé par les kaysanites (de Kaysân) qui allait être repris par toutes les autres branches successives du chiisme.

Quoi qu’il en soit, la majorité des chiites se rallièrent au fils cadet de Hussein, Ali Zayn al-Abidin (l’aîné était mort à Karbala) pour lui succéder comme imam (4ième imam pour les Ismaéliens et duodécimains qui ne reconnaissent pas l’Imamité de Muhammad ibn al-Hanafiya à cause de sa mère.)

A la mort de Ali Zayn al-Abidin, la majorité des croyant se rallièrent encore à son fils, Muhammad Al-Baqir (5ième Imam) mais une minorité, les zaydites prit parti pour son autre fils Zayd ibn Ali qui estimait que son frère était indigne de l’imamat puisqu’il ne voulait pas se déclarer publiquement imam. Muhammad al-Bâqir répondit à son frère que leur père ne s'était jamais déclaré publiquement et qu'il n'en avait pas moins été imam. Zayd et ses partisans finirent massacrés en tentant un soulèvement contre les Omeyyades.


En 750, un événement qui ne rentrait pas dans les plans des chiites se produisit : le califat Omeyyade tant détesté fut renversé mais ce fut un troisième larron qui tira les marrons du feu au nez et à la barbe des descendants d’Ali. Le nouveau calife était un descendant d’Abbas, l’oncle du prophète. Un usurpateur succédait à un autre usurpateur. C’était d’autant plus frustrant que l’insurrection avait été lancée par les chiites. En tout cas, si les faits et gestes des Imams étaient déjà étroitement contrôlés par les Omeyyades, l’arrivée au pouvoir des Abbassides empira encore la surveillance dont ils faisaient l’objet et, en pratique, ils furent prisonniers à domicile presque toute leur vie.

Entre-temps al-Baqir était mort, et son fils Ja'far al-Sadiq (6ième Imâm) préféra prudemment décliner les appels des chiites qui le pressaient de se proclamer calife.

La mort de Ja'far al-Sadiq provoqua un nouveau schisme. Le fils cadet de Ja'far, Ismail, que son père avait désigné pour être son successeur, était mort avant lui. Cela n'empêcha pas certains groupes de chiites de le tenir pour le septième et dernier imam en lui appliquant le modèle de l'imam occulté. Le chiisme septimain ou ismaélisme était né.

Pour compliquer encore la situation, tous les fils de Ja'far al-Sadiq furent proclamés imam par diverses sectes chiites rivales : outre Ismail mort avant son père il y avait encore Abdullah, Muhammad, Zakariyya, Ishaq et enfin Musa Al Kazemi vers qui la grande majorité des chiites se tourna finalement. Il est donc le 7ième imam pour le chiisme duodécimain.

La même confusion se reproduisit à la mort de Musa. Certains nièrent sa mort, assurant qu’il reviendrait dans le futur, certains prirent comme Imam son fils Ahmad tandis que les autres choisissaient son autre fils, Ali al-Rida (8ième imam.)

Après la mort de al-Rida, son fils Muhammad al-Jawwad , également connu sous le surnom de al-Taqi devint le 9ième imam auquel succéda son fils Ali al-Hadi ou an-Naqi (10ième imam) . A la mort de Ali al-Hadi, les chiites adoptèrent comme nouvel et onzième imam son fils Hassan al-Askari, alors âgé de 22 ans.

Nous avons ainsi brossé un aperçu succinct de la tumultueuse genèse du chiisme jusque l’accession à l’imamat de Hassan al-Askari, fils de Ali al-Hadi, et dixième descendant en ligne directe de Ali et de son épouse Fatima (la fille de Mahomet.)

Six ans plus tard, en 874, la communauté des chiites était secouée par le plus grand cataclysme de son histoire pourtant riche en péripéties : Hassan al-Askari gisait sur son lit de mort et contrairement à ses prédécesseurs il n’avait pas eu d’enfants, personne vers qui les chiites pourraient se tourner comme leur nouvel imam.

Ceux des Chiites qui considéraient Hassan al-Askari comme leur imam, étaient en plein désarroi. Etait-ce la fin de l’Imamat ? Autant dire que c’était la fin du chiisme. Ils n’étaient vraiment pas préparés à cette situation.

La confusion qui régnait parmi les Chiites après la mort de Hassan al-Askari est décrite par l’un de ses contemporains, l’écrivain chiite, Hassan ibn Moosa an-Nawbakhti, qui signale l’apparition d’au moins 14 sectes chez les fidèles de Hassan al-Askari, chacune ayant un point de vue distinct sur le futur de l’Imamat et l’identité du prochain imam. Un autre écrivain chiite contemporain, Sa'd ibn Abdullah al-Qummi, dénombre 15 sectes, et un siècle plus tard l’historien al-Mas'udi dresse une liste de 20 sectes distinctes.

Parmi toutes ces sectes qui tentaient d’apporter une solution à l’absence d’héritier légitime mâle issu de la lignée d’Ali et de Fatima pour succéder à l’Imam, grosso modo quatre écoles de pensées prédominèrent.

Un de ces groupes se résigna à la mort de Hassan al-Askari et au fait qu’il ne laissait pas de descendance. Pour eux l’Imamat venait de s’achever de la même manière que la Nubuwat (mission de Mahomet lui-même) s’était achevée avec sa mort. Pourtant même dans ce groupe certains gardaient l’espoir de la venue d’un nouvel imam.

Un autre groupe refusait d’admettre la mort de Hassan al- Askari et se mit à prétendre qu’il était occulté et reviendrait dans le futur pour établir la justice sur terre.

Un autre groupe chargea le manteau de l’Imamat sur les épaules de Jaa'far, le frère de Hassan.

Le dernier grand groupe était mené par Uthman ibn Sa'id al-'Amri qui affirmait qu’en réalité Hassan al-Askari avait un fils âgé de quatre ans nommé Muhammad, comme le Prophète, mais qu’il l’avait fait cacher pour le protéger et que pour des raisons de sécurité, à part quelques initiés personne ne pouvait le rencontrer. Cet Uthman ibn Sa'id al-'Amri ajoutait en outre qu’en tant que Wakeel (représentant) de l’imam c’était à lui qu’il revenait de collecter l’argent au nom des imams de la Ahl al-Bayt (descendance de Mahomet). Sachant que chaque chiite était supposé verser jusque un cinquième de ses revenus cela laisse rêveur…

La famille de Hassan al-Askari eut beau démentir l’existence de ce prétendu fils et partager son héritage entre son frère Jaa'far et sa mère, Uthman ibn Sa'id et son gang répliquèrent en dénonçant Jaa'far comme al-Kadhdhab (le Menteur) et emportèrent l’allégeance de la grande majorité des croyants,

Le chiisme duodécimain venait de naître.

Uthman ibn Sa'id devint donc le Wakeel “représentant” de l’Imam caché, le seul lien entre les chiites et le mystérieux Muhammad. Il produisait régulièrement des tawqi‘at, messages écrits, qu’il prétendait que l’Imam caché avait envoyé aux chiites. Une bonne partie de ces prétendues lettres (qui ont été compilées dans des livres comme le Kitab al-Ghaybah) consistaient surtout en invectives contre ceux qui contestaient la lucrative position du « représentant. » La littérature chiite relative à Uthman ibn Sa'id regorge d’ailleurs de références aux collectes.

A la mort d’Uthman ibn Sa'id, son fils Abu Ja‘far Muhammad produisit une lettre de l’Imam caché qui le désignait comme son nouveau représentant. Tout comme son père il défendit et renforça sa position à coup de tawqi‘at dénonçant ses rivaux. Son règne dura environ 50 ans.

Son successeur fut Abul Qasim ibn Rawh an-Nawbakhti, qui était son principal adjoint pour la collecte de la taxe d’un cinquième du revenu des chiites.

A sa mort Abul Qasim an-Nawbakhti désigna Abul Hasan as-Samarri pour le remplacer. Les trois premiers représentants étaient de purs escrocs mais Abul Hasan as-Samarri se révéla un personnage plus scrupuleux ou plus timoré. Durant les trois années où il fut représentant, il y eut une chute subite dans la fréquence des tawqi‘at. Il faut dire que près de septante ans après la mort de Hassan al-Askari, il devenait probablement de plus en plus difficile de faire avaler aux gogos que le prétendu Muhammad allait se montrer d’un jour à l’autre et que l’un de ses fils lui succèderait.

Comme on lui demandait à l’approche de la mort qui serait son successeur il répondit qu’Allah y pourvoirait ! Etait-ce le remord de s’être rendu complice d’une telle tromperie ? Il produisit aussi une dernière tawqi‘at par laquelle l’Imam déclarait qu’à partir de ce jour et jusqu’à son retour il ne se montrerait plus jamais et que tous ceux qui prétendraient l’avoir vu seraient des menteurs.

Il fut donc admis que face à la tyrannie et à l'oppression croissantes, l'imâm Muhammad avait décidé de complètement se retirer du monde ; c'était le début de la « grande occultation ». On vit alors se développer l'idée que lors de sa réapparition future, l'imâm mènerait les chiites à la victoire sur leurs adversaires et transformerait la terre en paradis. Ce règne du douzième imâm, les chiites duodécimains l'attendent toujours...

Jusque de nos jours, le cri de supplication du fidèle chiite est toujours Ya Saheb-ul-Zaman, Seigneur des Ages hâte ton retour. Et qui est ce Mahdi tant prié ? Un garçon de quatre ans qui n’a jamais existé ! Un imam caché dans le puits de la mosquée de Jamkaran située à sept kilomètres de la ville de Qom en Iran, puits où le président Ahmadinejad se rend régulièrement pour communiquer avec l’Imam et recevoir ses ordres !

Il est vrai qu’en Islam la foi est toujours aveugle !

caius
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Message par lechanteur Sam 4 Oct 2008 - 20:43

Le Prophète A.S. de son vivant a désigné Ali A.S. comme son sucesseur. De plus il y a de multiples traditions certaines qui le confirme.

Je suis la ville du savoir et Ali A.S. en est la porte, celui qui veut arriver jusqu'à moi qu'il passe donc par ALi A.S.

C'est vraiment beau comme citation.


Marie

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Message par fikri Sam 22 Nov 2008 - 3:52

peux tu me donner le hadith en question qui dit que le prophète a désigner ali.
merci

fikri
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Message par Invité Sam 22 Nov 2008 - 21:24

en se plaçant d'un point de vu musulman sache marie que Dieu ne commet jamais d'erreur, aprés la mort du prophéte pr maintenir la religion de Dieu je pense que les 4 califs ont été choisi par Allah et nn pas par les Hommes car rien ne se fait sans la volonté d'Allah et qui somme nous pour juger que c'est ali qui aurait dû être et nn Abu bakr, abu bakr est le deuxiéme de deux(reference à l'evenement de la grotte)

Aboul Jahhaf rapporte : quand on prêta serment à Abou Bakr il s'enferma pendant trois jours. Il sortait chaque jour et disait : "Musulmans! J'ai annulé votre serment! Prêtez serment à qui vous voulez". À chaque fois, 'Ali Ibn Abou Talib lui répondait : "Nous n'acceptons pas ta démission et nous ne te démettons pas. Puisque le Messager d'Allâh t'a placé à l'avant, qui donc te fera reculer?" Le prophéte (pbsl) n'a pas designé Ali de son vivant car si c'était le cas ça aurait été plus simple et les musulmans n'auraient pas eu a faire un choix, et Ali n'a jamais refusé la Califat sermenté,

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